D’Emblée on a raté l’Embarquement sur l’Hermione
Jean-Louis Baudron: Cut-ups et collages: https://www.facebook.com/jeanlouis.baudron
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Soutien hôpital Pierre Janet
Contenu
Nous réapproprier notre travail
– Les associations de service à la personne.
– Les HAD (hospitalisation à domicile).
Comparaison avec des équipes indépendantes.
Détail des salaires et coût pour les employeurs.
– En comptant un quatrième client permettant d’arriver à 140 h par mois.
Comment procéder pratiquement quand on travaille en institution.
Facebook https://www.facebook.com/elle-et-les-jean-211470388864626/
Site: Elle et les Jean http://bbkiss.free.fr/
Un problème mal posé
Un des facteurs problématiques dans la question des migrants repose sur notre façon de poser le problème : nous nous trouvons devant deux positions idéologiques opposées, une position identitaire en faveur de la fermeture des frontières et du rejet des migrants, et une position humaniste qui est favorable à leur accueil.
Tant que nous abordons le problème dans ce cadre de logique par opposition, qui limite la réalité à deux visions opposées, nous limitons notre façon de l’appréhender à ces deux seules visions. Les discours demeurent limités à des échanges polémiques dans lesquels chaque groupe défend ses positions et tente de démontrer qu’il a « raison » et que l’autre a « tort », ces controverses visant non pas tant à résoudre le problème qu’à récolter les voix des futurs électeurs, autrement dit à instrumentaliser la question.
Si bien que chaque camp concentre son énergie sur ce conflit et la lutte contre ses opposants, plutôt que sur la résolution du problème lui-même, qui ne fait que s’aggraver avec le temps. Ces énergies qui s’affrontent se détruisent mutuellement, aucun des groupes n’est en mesure d’avancer, et les débats tournent en rond, chacun répétant sempiternellement, comme des magnétophones, les mêmes arguments conformes au modèle idéologique statique prôné.
Or aucun des deux groupes n’a une vision globale de ce qui se passe réellement et ne peut avoir totalement « raison » : les deux conceptions, vécues comme inconciliables a priori, s’excluent l’une l’autre, alors qu’elles sont face à une seule et même situation. Chaque groupe l’appréhende avec des critères d’évaluation différents, et une partie des débats se résume à des échanges verbaux qui ne mènent à rien, entre des gens qui sont d’accord pour ne jamais être d’accord, ce qui rend impossible de s’entendre d’une part, et d’autre part de s’attaquer ensemble sérieusement à la résolution du problème lui-même. C’est pourquoi cet abord idéologique de la question, qui fait abstraction du coefficient des observateurs et des éléments objectifs de la situation, réduisant le problème aux seuls migrants, est en lui-même problématique.
A partir de là, il me semblerait plus cohérent de mettre de côté ces positions idéologiques pour examiner le problème dans le cadre d’une démarche scientifique, plus réaliste, basée non plus sur des opinions ou des croyances, mais sur l’examen des faits tangibles et démontrables, avec pour cadre légal, les fondements démocratiques de notre constitution.
Reposer le problème en partant des gens réels, des moyens réels et des possibilités réelles
Concernant les migrants dont l’arrivée en masse par la mer est problématique pour le continent européen, je me suis demandée quelle sorte de bateau pourrait être utilisée pour saper à la base le trafic des passeurs: les paquebots de croisière qui peuvent héberger plusieurs milliers de gens pendant une semaine, et où les migrants pourraient être hébergés provisoirement, le temps de voir qui est qui et qui fait quoi, d’où il vient, etc., et de prendre le temps de voir ce qu’il peut en advenir une fois sur terre.
La location de ces bateaux pourrait être partagée entre tous les pays européens, mais les migrants, qui paient pour les bateaux des passeurs, pourraient aussi participer à cette location. Vu les prix exorbitants exigés par les passeurs, les paquebots de croisière leur reviendraient de toute façon moins cher.
Une des données du problème est que nous l’abordons généralement sous des angles conflictuels, où chaque analyse repose sur un débat entre 2 partisans de possibilités opposées, et en mélangeant les niveaux d’abstraction (politique, religieux, idéologique, militaire, etc.). Tout cela entraine une confusion, des incompréhensions, des malentendus, qui rendent les problèmes inextricables. J’essaie donc d’aborder celui-ci sous un angle pratique, en partant des besoins humains réels et des moyens réels dont nous disposons pour y répondre.
Est-ce que nous disposons de bateaux capables d’héberger un certain temps dans des conditions décentes les migrants fuyant leur pays par la mer, afin de réduire le nombre de ceux qui entrent en Europe, en le limitant temporairement à ceux qui viennent par la terre ? Oui, nous disposons de tels bateaux : Oasis of the Seas et Allure of the Seas peuvent accueillir 6296 passagers, et le dernier né, Symphony of the seas, peut en accueillir 8000 !
Le « Symphony of the seas », plus gros navire de croisière au monde livré par le chantier naval STX, a levé l’ancre du port de Saint-Nazaire samedi 24 mars devant plusieurs centaines de personnes venues assister à la manœuvre spectaculaire.
Données pratiques du problème
Pratiquement, qu’est-ce qui est nécessaire pour cela mettre en place ?
– Il est impossible aux migrants, dont bon nombre n’ont plus de papiers, de s’inscrire légalement à des croisières de tourisme.
– Les paquebots sont construits par les Chantiers de l’Atlantique à Saint Nazaire. Il devrait être de l’ordre du possible pour nos dirigeants d’entrer en relation avec un site de chantiers navals français,
– L’embarquement et le suivi des gens devraient être organisés officiellement, ce qui implique que l’opération soit menée par les gouvernements ou au niveau européen. En conséquence, il faudrait que les Etats (ou l’Europe / l’ONU, etc.) puissent disposer de tels bateaux le temps nécessaire.
Une telle opération peut entrer dans le cadre du partenariat public-privé : exemple: l‘Etat loue les paquebots aux sociétés qui les possèdent, et fait payer une partie du trajet aux migrants de façon à combler le prix de la location et à effectuer l’opération sans débourser d’argent public. Les associations d’aide aux migrants pourraient participer financièrement pour payer le séjour des plus démunis, de même que des gens fortunés désireux de s’impliquer dans la résolution du problème.
Pour les gens concernés, une telle solution serait éminemment moins chère que les tarifs que leurs imposent les passeurs. Le gouvernement met un site en ligne avec un numéro de téléphone, un formulaire de contact, et les migrants peuvent alors s’inscrire eux-mêmes directement, sans intermédiaire mafieux. Ensuite, une fois à bord, ils peuvent bénéficier de conditions confortables leur permettant de décompresser, de déstresser pendant leur séjour à bord.
En plus de l’encadrement de la sécurité (identité, origine, etc.), il peut y avoir une organisation permettant de prévoir leur avenir, en répertoriant les professions des gens, et ce qu’ils peuvent apporter à leur pays d’accueil, en fonction des besoins de ces derniers. Ainsi cette immigration pourrait répondre aux intérêts respectifs, autant des arrivants que des pays d’accueil. Par le biais des associations d’aide aux migrants, ils pourraient entrer en contact avec des citoyens des pays d’accueil désireux de les héberger.
Ils pourraient aussi, une fois à bord, s’organiser entre eux avec l’aide des ONG pour les tâches de la vie quotidienne en fonction de leurs professions : il ne me parait pas réaliste d’attendre que le personnel employé pour les croisières continue de l’être dans cette circonstance : planifier les repas avec des aliments auxquels ils sont habitués (riz, lentilles, blé, épices, etc.), ce qui serait bien moins onéreux que les plateaux repas et une multitude de plats, faire la cuisine, le ménage, etc.. Les médecins s’occuperaient de la santé, les enseignants pourraient enseigner, etc., si bien qu’une fois ordonnée la vie quotidienne permettant de vivre correctement à bord, les migrants s’occuperaient aux tâches nécessaires à leur séjour sur le paquebot.
Le personnel fourni par les Etats pourrait alors se limiter à l’encadrement et aux forces de l’ordre, et les dépenses, à la nourriture, aux médicaments, au matériel médical et aux produits de santé.
Il me semblerait aussi nécessaire d’expliquer aux migrants ce que venir en Europe implique de leur part, à savoir accepter le mode de vie et les lois de leur pays d’accueil. En résumé leur enseigner les bases légales, sans quoi, venant d’une autre culture, ils ne peuvent les connaître, et partant de là, ne peuvent les respecter. Ainsi, il me semble utile de les prévenir qu’il n’est pas réaliste de venir en Europe en s’attendant à y vivre comme dans un pays régi par la charia: il s’agit là d’une question de cohérence vis-à-vis d’eux-mêmes et de leurs pays d’accueil. Si cela ne leur convient pas, rien n’empêche de les orienter vers un pays correspondant au mode de vie qu’ils souhaitent.
Ceci dit, les gens qui ont déjà trouvé asile dans les petites communes qui les ont accueillis n’ont manifestement pas du tout envie de reproduire les conditions de vie de leurs pays d’origine : ils font de leur mieux pour s’adapter et ne demandent qu’à vivre tranquillement en harmonie avec les habitants. Les réticences que pouvaient avoir ces derniers, confrontées aux faits, ont disparu, ceux-ci ayant constaté que les nouveaux arrivants ne leur causaient aucun préjudice et que leurs craintes de départ n’étaient pas fondées.
Quelques chiffres
En ce qui concerne les croisières en Méditerranée, les prix de celles-ci sont en moyenne de 500 € par semaine par personne.
Actuellement les migrants arrivant par la mer paient de fortes sommes (pouvant atteindre 10 000 € ou plus) pour voyager sur un bateau surpeuplé avec une probabilité importante de mourir pendant le voyage, sans savoir s’ils arriveront ni où ils arriveront, ni quels pays ils vont traverser ensuite, la seule certitude étant que la suite du voyage va être difficile.
Se pose le problème du contrôle des passagers au départ, pour éviter d’embarquer des gens constituant des menaces, mais je suppose qu’un tel contrôle à l’embarquement serait plus facile à organiser et plus efficace que de laisser des milliers de migrants entrer illégalement, en traversant des frontières improvisées à la hâte dans les conditions d’urgence actuelles.
Pour ce qui est des migrants eux-mêmes, la plupart sont des gens éduqués appartenant à la classe moyenne, pouvant débourser 10 000 €. Avec la formule des bateaux de croisière, pour un prix de 500 € par semaine, ils pourraient séjourner pendant 10 000 / 500 = 20 semaines = 5 mois. En appliquant l’organisation décrite plus haut, le coût de leur séjour serait bien inférieur. Prendre en compte leurs connaissances et leurs capacités professionnelles serait de l’intérêt général et de toute façon plus sensé et plus réaliste que les réactions présentes, qui consistent à les considérer comme un flux informe et incontrôlable et à adopter des mesures dans l’urgence.
Dans de telles conditions, aucun migrant ne serait plus volontaire pour un voyage dangereux. Seuls les gens problématiques choisiraient les chemins illégaux, leur nombre serait limité, et ils seraient plus faciles à détecter. En conséquence, il semble que les paquebots de croisière, en plus du niveau humain, seraient également plus efficaces sur le plan de la sécurité.
Ces paquebots pourraient également représenter une alternative à la jungle de Calais, dans la mesure où ils pourraient héberger les gens qui y vivent actuellement.
Quelques conséquences
Conclusion
Bien entendu, ceci n’est qu’une idée qui demande d’être examinée et complétée, car beaucoup de données m’échappent. De plus, il ne s’agit ici que d’une possibilité parmi d’autres : nous sommes devant non pas deux possibilités opposées, mais une infinité, à côté desquelles nous passons, non pas par manque de moyens, ni en raison de mauvaises intentions, mais du seul fait d’idées fausses et de préjugés.
Nous devons également prendre en compte nos ressources réelles, et les moyens réels dont nous disposons, qui sont généralement bien plus étendus que ceux que nous utilisons généralement.
Sur de telles bases, le problème des migrants peut cesser d’être une source de problèmes insolubles et de conflits tous azimuts pour devenir maîtrisable à brève échéance, à des coûts bien moindres que les solutions proposée jusqu’ici, et de façon bénéfique pour toutes les parties.
Isabelle AUBERT.
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En Sicile, «une chose très belle est arrivée, nous avons été envahis par les immigrés » http://www.liberation.fr/planete/2018/01/09/en-sicile-une-chose-tres-belle-est-arrivee-nous-avons-ete-envahis-par-les-immigres_1621325
http://www.laviedesidees.fr/Dispensaires-2-0.html
par Nadège Vezinat , le 21 juin 2017
L’organisation de l’offre de soins primaires en ville est un enjeu important du système français de protection sociale. Dans un contexte de transition épidémiologique, les maisons de santé pluri-professionnelles décloisonnent les terrains sociaux et médicaux. Le modèle peut-il être généralisé ?
La place de la médecine libérale est en France particulièrement importante comparativement à d’autres pays. Depuis la charte médicale de 1927, qui a instauré plusieurs principes encore en vigueur comme celui de la liberté d’installation, du paiement direct par le malade ou de la liberté de prescription, cette médecine porte en elle des relents d’hostilité au dispositif d’assurance-maladie (Palier, 2010). En constituant autour de ces principes le dogme libéral, les médecins qui ont choisi ce type d’exercice sont souvent accusés, si ce n’est de produire, au moins d’entretenir les inégalités de santé en participant à un système à deux vitesses (Gelly, Giraud Pitti, 2016).
À l’heure où certains hôpitaux commencent à externaliser des consultations de médecine générale en ville pour répondre aux demandes de soins, les professionnels de santé libéraux tentent de proposer d’autres transformations de l’organisation territoriale de l’offre de santé. Partant du constat que le recours aux soins n’est pas le même pour tous sur le territoire, la loi de modernisation de notre système de santé, promulguée le 26 janvier 2016, cherche à rendre la santé « accessible à tous ». Dans ce contexte, des « maisons pluridisciplinaires de santé » se développent pour proposer une offre de soins renouvelée reposant sur de nouvelles pratiques professionnelles, axées sur la permanence et la continuité des soins et davantage coordonnées avec le milieu hospitalier. Au delà de l’utilité sociale de ces maisons de santé, que l’ensemble des hommes politiques reconnaissent sans pour autant toujours la traduire en des propositions similaires, quel sens donner à ce nouveau mode d’organisation des soins primaires en ville ? Derrière une solution apparemment idéale à tous points de vue pour tous les acteurs, et même si la coopération accroît la qualité des soins pour les patients tout en restaurant un esprit collectif et en rétablissant des liens entre les professionnels, les maisons de santé ne sont-elles pas également source de nouveaux problèmes ? Certains professionnels peuvent ainsi éprouver des difficultés à s’intégrer ou être confrontés à des conflits internes. Au delà, ces maisons de santé peuvent présenter les défauts d’une organisation en voie de « bureaucratisation ».
10 ans de maisons de santé
Tous les candidats à l’élection présentielle de 2017 les ont évoquées, leur ont reconnu nombre de qualités, les médias les mettent en avant, mais que sont exactement les maisons de santé ? Ce ne sont ni des centres de santé, puisque les professionnels de santé n’y sont pas salariés, ni des cabinets de groupe, puisque la mise en commun y dépasse celle des moyens, des locaux et du secrétariat qui constituent généralement le cœur du regroupement effectué dans les cabinets de groupe. Les maisons de santé se caractérisent en effet par leur dimension pluri-professionnelle et l’adhésion de l’ensemble des professionnels à un projet de santé adapté à leur situation locale.
Les maisons de santé ont été reconnues légalement par la loi de financement de la sécurité sociale du 19 décembre 2007 et introduites dans le code de la santé publique avant de voir leur définition modifiée par l’article 39 de la loi Hôpital Patients Santé Territoire du 21 juillet 2009 puis par l’article 2 de la loi du 10 août 2011 sur le partage de l’information médicale. Elles ouvrent aux professionnels libéraux un mode d’exercice collectif de la médecine sur un territoire donné. Dotées de la personnalité morale (art. L. 6323-3 du Code de la Santé Publique), elles peuvent percevoir une dotation de financement afin de permettre un exercice coordonné des soins. Pour cela, les professionnels de santé qui s’y regroupent doivent élaborer un projet de santé attestant de leur exercice coordonné et conclure avec l’agence régionale de santé (ARS) un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens.
Bien que libéral et implanté de manière non uniforme sur le territoire, ce mode d’exercice collectif présente des caractéristiques qui reconfigurent en profondeur l’activité médicale : il favorise la coordination des soins, rend la prise en charge accessible et continue, établit des protocoles de soins pluridisciplinaires, utilise des systèmes d’informations pour partager plus facilement les dossiers patients, et organise des activités préventives et transversales.
Une autre voie que l’hôpital
Un des enjeux de cette forme encore minoritaire d’organisation des soins primaires en ville est qu’elle permet un moindre recours aux urgences et constitue une alternative à l’hospitalisation. L’offre de soins en France semble aujourd’hui se réduire en raison du numerus clausus dans les professions médicales, du manque d’attractivité de la profession de médecin généraliste (par rapport à celle de spécialiste), de la désertification médicale de certains territoires et de la difficulté à organiser la complémentarité entre médecine hospitalière et médecine de ville. Par ailleurs, malgré le principe de couverture universelle, les inégalités sociales de santé se développent sur l’ensemble du territoire. Dans ce contexte, la réorganisation de l’offre de soins, qualifiée de « virage ambulatoire », devient un objectif important pour le système de protection sociale français. Les professionnels de santé en constituent la principale clé de voûte, et les maisons de santé sont présentées comme un des moyens pour réformer cette offre de soins.
Le développement depuis quelques années en France de « maisons pluridisciplinaires de santé » se présente en effet comme une solution à la « crise de la démographie médicale » [1] dans l’accès et la continuité des soins médicaux sur le territoire. Cette « crise » renvoie à la pénurie des professionnels de santé, aux difficultés d’accessibilité financière, géographique ou physique, ainsi qu’au problème de la gestion des consultations non programmées pour faire face à l’afflux de patients imprévus et à l’augmentation des poly-pathologies et des maladies chroniques.
Si les maisons de santé constituent encore un phénomène de faible ampleur numérique, elles connaissent une croissance régulière, qui traduit un besoin d’intermédiaire entre le professionnel de santé isolé et la structure hospitalière dans les transformations de l’offre de soins et de la politique de santé publique (Lombrail, 2014). En janvier 2012, 235 maisons étaient en fonctionnement et environ 450 étaient en projet, dont 80 % en milieu rural. En mars 2017, l’observatoire des maisons et pôles de santé de la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins) décomptait environ 1000 structures en fonctionnement. Ce mode d’exercice, certes encore marginal, connaît une croissance numérique qui laisse supposer qu’une révolution des soins primaires peut être en cours. Cette dynamique est par ailleurs soutenue et reprise par la Fédération française des Maisons et Pôles de santé (FFMPS) créée en 2008 pour représenter les maisons de santé et soutenir ces initiatives d’organisation des soins primaires auprès des pouvoirs publics, collectivités et partenaires institutionnels variés.
Soigner des situations sociales
Les maisons de santé étant des initiatives venues du terrain, des professionnels de santé y proposent, dans une démarche réflexive, à la fois des solutions concrètes adaptées à leurs pratiques et une refondation du système de santé. En tant qu’elles sont pensées pour répondre aux besoins sur le terrain, les maisons de santé ne sont pas, pour l’instant en tout cas, perçues par les professionnels de santé comme une solution coercitive. Par ailleurs, ces maisons de santé proposent le tiers payant, des médecins conventionnés en secteur 1 (c’est-à-dire qui n’appliquent pas de dépassement d’honoraires), et acceptent les patients bénéficiant de la couverture maladie universelle (CMU), voire travaillent directement à leur ouverture de droits : l’organisation des soins qu’ils assurent vise à lutter contre les inégalités sociales de santé et reçoit à ce titre le soutien des pouvoirs publics, censés défendre ces missions relevant de l’accès de tous à la santé.
Les maisons de santé développent la coordination des soins et la coopération entre les différents professionnels de santé. Il s’agit à la fois d’articuler les parcours de soins entre les systèmes hospitalier et ambulatoire mais aussi de favoriser les relations entre les différents professionnels intervenant en ville (les médecins, les infirmiers, les médiateurs, les professions paramédicales, etc.). En considérant la coordination du soin primaire comme le chaînon manquant de la stratégie nationale de santé, les maisons de santé favorisent la pluridisciplinarité et les échanges avec les professions médico-sociales. Certaines sont même dotées de médiateurs sociaux pour traiter à la fois le médical et le social. La transversalité de la maison de santé apparaît dans l’articulation (et parfois l’exclusion) de divers dispositifs, comme l’ASALEE (action de santé libérale en équipe), le PAERPA (Parcours des personnes âgées en risque de perte d’autonomie) ou l’ETP (éducation thérapeutique des patients), dispositifs qui ont aussi des conséquences sur les configurations médicales.
À titre d’exemple, la CMU, pilier de l’assurance-maladie, remplacée en 2016 pour la CMU de base, par la PUMA (protection universelle maladie), peut être étudiée comme un point de tension vis-à-vis des objectifs de coordination dans la mesure où cette politique sociale et sanitaire n’est pas acceptée par tous les médecins. Avec le renforcement du rôle des généralistes dans le parcours de soins, ce dispositif peut s’avérer un facteur de précarisation et de stigmatisation des populations qui en bénéficient, ce qui crée un décalage avec l’objectif même d’universalisation de la couverture santé. L’éducation thérapeutique des patients (ETP) peut également être vue comme une prise en charge collective du patient puisqu’elle transforme aussi bien les relations entre médecins et patients, en les faisant sortir du rôle de profanes pour les mettre au centre de la relation, que les pratiques professionnelles des médecins, en valorisant davantage l’interdisciplinarité avec d’autres professions et l’articulation entre les soins proposés.
La considération pour le malade fait partie des objectifs revendiqués dans les maisons de santé. En se saisissant de projets d’éducation thérapeutique du patient, en formant des « patients experts », les maisons de santé contribuent à modifier la place du patient dans la relation de soin. Son point de vue est respecté et les professionnels de santé veillent à s’assurer qu’il comprend sa maladie ou son traitement. Ces pratiques renvoient à d’autres manières d’envisager la médecine et la place du patient (Bazsanger, Bungener, Paillet, 2002 ; Horowitz, 2013). Dans cette approche globale du patient, le soin est pensé comme une solution médicale à un problème de santé mais également comme une réponse à une situation sociale et à l’individualité du patient : en tentant d’éviter une hospitalisation pour permettre à un patient de rester avec son animal domestique, ou en limitant le nombre de séances pour tenir compte des trajets sur une route difficile, par exemple. Elle fait écho à l’ouverture des soignants au « care » (les soignants prenant en charge non seulement l’aspect médical mais également social de leurs patients) que repèrent les chercheurs ayant travaillé sur les Permanences d’Accès aux Soins de Santé de l’hôpital (Pierru, 2013), et peut être analysée comme un début de décloisonnement des sphères sociale et médicale.
Les maisons de santé marquent-elles alors une évolution des pratiques professionnelles ? Deux mouvements que nous allons examiner plus en détail caractérisent le travail en maisons de santé : le premier consiste en un abandon progressif et croissant de l’activité isolée, quand le second consacre le développement de la coordination des professionnels de santé et de la pluridisciplinarité des soins. Le premier mouvement n’est pas propre aux maisons de santé mais à toutes les structures d’exercice collectif de la médecine. En revanche, le passage à une activité coordonnée lui est davantage spécifique.
Exercice collectif de la médecine
L’exercice regroupé de la médecine n’est pas l’apanage des seules maisons de santé et n’est plus un phénomène atypique. Selon une étude de la Cnam réalisée en 2002, 44 % des médecins libéraux exercent de manière regroupée et l’organisation en cabinet de groupe est de plus en plus fréquente (+ 18 % entre 2000 et 2003) [2]. L’écart se réduit donc progressivement avec d’autres pays où la médecine de groupe en soins ambulatoires apparaît comparativement plus développée qu’en France : ainsi, en Finlande et en Suède, 97 % des médecins généralistes exercent en groupe, 92 % au Royaume-Uni, 25 % en Allemagne (Bourgueil, Marek, Mousques, 2007). Ce phénomène de regroupement résulte du souhait de rationaliser les frais de structure et de fonctionnement (par le partage de moyens : d’un local, d’équipements médicaux ou d’une secrétaire par exemple), de la volonté de pouvoir échanger avec des collègues (les internes étant le plus souvent formés dans des structures collectives), et du désir de mieux articuler vie privée et vie professionnelle pour des couples bi-actifs en âge d’avoir une vie de famille.
L’exercice regroupé favorise d’abord l’investissement et le développement des technologies médicales au cabinet et l’usage de systèmes d’informations. En investissant dans le partage des dossiers de patients, il libère potentiellement du temps pour les soins, améliore le suivi des patients et permet même le traitement de leurs données. L’exercice collectif semble par ailleurs particulièrement bien adapté au vieillissement de la population, qui accroît la dépendance et le nombre de patients souffrant de maladies chroniques et de poly-pathologies. La bonne connaissance de la patientèle permise par les systèmes d’information facilite en outre le lien entre la ville et l’hôpital en même temps que les relations avec le monde médico-social. Enfin, l’organisation collective et coordonnée du travail en maison de santé permet effectivement de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle : les horaires d’ouverture étant élargis et les remplacements assurés au sein de la maison de santé, les conditions de travail sont améliorées sans mettre à mal la permanence des soins. Les professionnels de santé peuvent prendre des vacances sans avoir le sentiment d’abandonner leurs patients. Ils conservent l’autonomie que leur garantit leur statut libéral tout en évitant l’isolement qu’il implique souvent, ne serait-ce que parce qu’ils ont la possibilité de prendre un café ou de déjeuner avec un collègue.
Si l’exercice regroupé permet de mieux organiser la continuité des soins en accompagnant, en externe, le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques, il permet en interne de gérer les absences et les congés des uns et des autres, de partager les coûts d’installation et de gestion administrative. Mais il n’est pas exempt de difficultés puisqu’il soulève parallèlement de nouveaux problèmes, comme celui de l’intégration d’un nouveau membre dans une équipe déjà constituée, de la captation de patientèle, de la gestion des conflits au sein de l’équipe de soins primaires, ou de la transmission patrimoniale à repenser.
La coordination des pratiques de soin
Le deuxième mouvement concerne les deux grandes spécificités des maisons de santé : une activité pluri-professionnelle, c’est-à-dire organisée autour de plusieurs métiers (médecins généralistes, kinésithérapeutes, orthophonistes, infirmières, sages-femmes, etc.), et une activité coordonnée qui passe par la mise en relation des tâches organisées autour d’un médecin généraliste (Coutant, Tuffreau, 2016 ; Schweyer, 2016). L’exercice médical de proximité implique que le médecin traitant soit à l’interface des professions médicales, paramédicales et médico-sociales et joue un rôle central, de « pivot », selon la formule consacrée sur le terrain, dans l’orientation de ses patients sur leur parcours de soins (Bloy, Schweyer, 2010). Toute maison de santé comprend ainsi au moins deux médecins généralistes, afin d’assurer la permanence des soins. Ces structures de soins fonctionnent comme un système de « captation » des patients, où les médecins généralistes, grâce à leur rôle de médecin traitant, organisent le parcours de soins de leurs patients et, en tant que maîtres d’œuvre captants, coordonnent la coopération avec les autres professionnels de santé, non captants, sur un territoire donné [3]. Ce rôle de captation permet d’éviter que les patients « errent » ou sortent du système de soins, faute de susciter l’intérêt des professionnels de santé. Dans ces cas, « le renvoi d’une structure à l’autre ou d’un professionnel à l’autre est souvent le destin de ceux dont personne ne veut assumer la charge sur la durée et maîtriser la trajectoire » (Bergeron, Castel, 2010, p. 451). La maison de santé se charge alors d’offrir des soins à des patients qui pourraient sortir du système de santé sans elle. L’insolvabilité ou l’instabilité de certains patients ne sont pas les seuls facteurs d’explication de leur non-captation par le système de soins classique ; le départ à la retraite de leur médecin traitant, si celui-ci n’est pas parvenu à transmettre son cabinet médical, peut également laisser des patients dans la nature. Un des effets du non-remplacement de médecins généralistes partant à la retraite est qu’une partie de leur patientèle se trouve contrainte de se tourner vers les services hospitaliers d’urgence les plus proches ou vers des structures de type SOS Médecins pour renouveler leurs ordonnances par exemple.
Pour ce qui est de la continuité des soins, le parcours de soins du patient est organisé en maison pluri-professionnelle de santé autour d’une « équipe de soins primaires », notion à présent inscrite dans l’article 12 de la loi Touraine [4]. L’organisation en maison de santé favorise ainsi les concertations (sous la forme de « staffs » et de réunions d’équipe par exemple) qui améliorent la qualité des soins puisque, pour les cas difficiles ou incertains, il est possible de discuter en équipe du traitement le plus adéquat. Ces concertations permettent par ailleurs de partager la responsabilité des décisions prises (Schepens, 2015). La coordination passe plus largement par l’élaboration de protocoles de soins adaptés, de systèmes d’informations partagés et enrichis par chacun en vue « d’assurer la continuité (informationnelle) des soins » (Lombrail, 2014, p. 103) et par la définition et la répartition des rôles, si possible complémentaires, de chacun des professionnels dans la maison de santé. L’accent y est mis sur la qualité et la rapidité de la prise en charge, ainsi que sur la fluidité du parcours dans le but d’éviter les ruptures de soins. Les procédures co-construites dans la maison de santé créent des normes et des pratiques convergentes d’un professionnel à l’autre. Cette normalisation et cette homogénéisation des pratiques assurent certes l’égalité de traitement des patients mais elles renforcent dans le même temps le contrôle des professionnels entre eux.
Un modèle généralisable ?
Les maisons de santé ont constitué une manière pour les professionnels de santé libéraux de préempter un domaine dont l’État aurait pu se saisir. En se positionnant sur ce « mandat » (Hughes, 1996), les professionnels de santé s’assurent que la présence de l’État et sa gouvernance y demeurent faibles, ou moins fortes que ce que les représentations « repoussoirs » de « l’étatisation » de la santé ou de la « fonctionnarisation » des professionnels de santé laissent envisager à terme. Elles constituent par ailleurs un collectif sur lequel s’appuyer et au sein duquel le professionnel de santé trouve des ressources. Ce collectif peut être de type syndical, comme le montre Pascal Marichalar (2014) quand il étudie les médecins du travail, ou de type professionnel comme dans le cas des maisons de santé.
Sachant que ce qui fait advenir les institutions n’est pas nécessairement ce qui les fait perdurer ou changer, la préoccupation majeure de la fédération française des maisons de santé est de développer et pérenniser ce mode d’organisation des soins primaires. Pour convaincre les professionnels de santé et les pouvoirs publics de son bien-fondé, elle doit apparaître comme le porte-parole légitime des maisons de santé et faire la preuve du rôle social joué par celles-ci. En interne, les rencontres annuelles de la fédération servent à produire un discours unifié sur le modèle des maisons de santé et leur réussite. Le fait que la quasi-totalité des candidats à l’élection présidentielle de 2017 mentionnent les maisons de santé dans leurs discours de campagne montre que l’entreprise de légitimation de la fédération est en passe de réussir auprès des pouvoirs publics. Il lui reste cependant encore à convaincre les autres professionnels de santé de se rallier à son mode d’exercice. Pour cela, elle communique largement sur les conditions de travail dans ce type de structure, fournit des outils et aides variés, tels que le recours à des « facilitateurs » qui interviennent pour permettre aux hésitants de s’informer et de monter leur maison de santé, ou la construction d’un indicateur, « l’indice de bonheur partagé » (IBP), qui mesure le degré de satisfaction de l’équipe de soins en maison de santé. Pour vaincre les résistances du modèle traditionnel, centré autour de l’hôpital et du médecin de ville isolé, la fédération travaille donc sa cohésion en cherchant à normaliser son modèle et à convaincre les professionnels de santé les plus réfractaires, si ce n’est de rejoindre les maisons de santé, du moins de les laisser se développer à leurs côtés.
Aller plus loin
Baszanger I., Bungener M., Paillet A., Quelle médecine voulons-nous ?, Paris, La Dispute, 2002.
Bergeron H., Castel P., « Captation, appariement, réseau : une logique professionnelle d’organisation des soins », Sociologie du travail, 2010, n°52, p. 441-460.
Bloy G., Schweyer F.-X., Singuliers généralistes. Sociologie de la médecine générale, Rennes, Presses de l’EHESP, 2010.
Bourgueil Y., Marek A., Mousquès J., « Médecine de groupe en soins primaires dans six pays européens, en Ontario et au Québec : quels enseignements pour la France ? », Questions d’économie de la santé, 2007, n°127.
Coutant D., Tuffreau F., La médecine générale, une spécialité d’avenir, Rennes, Presses de l’EHESP, 2016.
Gelly M., Giraud B., Pitti L., « Quand la santé décuple les inégalités », Agone, 2016, n°58.
Horowitz R., In the Public Interest : Medical Licensing and the Disciplinary Process, New Brunswick, Rutgers University Press, 2013.
Hughes E., Le regard sociologique : Essais choisis, Paris, Éditions de l’EHESS, 1996.
Lombrail P., « Les maisons de santé pluri-professionnelles : penser localement, agir globalement ? », Sciences sociales et santé, 2014, vol.32, n°2, p. 97-108.
Marichalar P., Médecin du travail, médecin du patron ? L’indépendance médicale en question, Paris, Presses de Sciences Po, 2014.
Palier B., La réforme des systèmes de santé, Paris, PUF, 2010.
Pierru F., « Impératifs gestionnaires et phronesis médicale : esquisse sociologique d’un engagement éthique dans un grand hôpital parisien », Quaderni, vol.3, n°82, p.67-82, 2013.
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Schweyer F.-X., « Inventer et apprendre un nouveau métier ? Les médecins généralistes dans des maisons de santé », in Douguet F., Fillaut T., Hontebeyrie J. (dir.), Intervenir en première ligne. Les professions de santé libérales face au défi de la santé de proximité, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 39-60.
Nadège Vezinat, « Dispensaires 2.0. Maisons pluridisciplinaires de santé et médecine libérale », La Vie des idées , 21 juin 2017. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Dispensaires-2-0.html
Jean-louis Baudron Cut-ups & Collages
Les Bonnes Figures de la Grand Route
Bonjour,
– 13 octobre : Un Océan de plastique à Dieppe
– 18, 19 et 20 octobre : L’île logique (Dé-pensons ou autre…) à St Denis (festival « Maths en ville ») + ateliers de théâtre et maths.
– Du 20 au 23 octobre retrouvez L’île logique au congrès de l’APMEP
– 23 octobre : Pilouface à Sanguinet (Bordeaux)
– 6 novembre, spectacle clownesque « Galois Poincaré mythes et maths » à Orléans (Université)
– 10 novembre : Où ai-je ma tête ? à Plescop (56), dans le cadre du festival Clown hors Piste.
– 14 novembre : Un océan de Plastique à Vannes (Kercado) 15h.
– 17 novembre : un océan de plastique à Theix-Noyalo, 14h, dans le cadre du festival Clown Hors Piste.
– 8 décembre : Y a pas rien à Chateaulin
Certains de ces spectacles ne sont pas ouverts au public, mais, à titre individuel, n’hésitez pas à me contacter si vous envisagez d’y venir !!
2019 :
– L’île logique part à l’étranger !! L’affaire 3.14, ou ai-je ma tête ?, Pilouface, Galois Poincaré, des ateliers théâtre et sciences, en cours de mise en place pour la semaine des maths à Casablanca, à Dublin et peut-être Madrid…
– 29 et 30 mars : Partons ici même et « Où ai-je ma tête ? » à Decazeville
Enfin, à faire circuler sans modération :
– L’île logique co-organise la dixième édition du festival Clown hors Piste du 16 au 18 novembre prochain à Theix (56)
– Il nous reste encore des livres « A l’endroit de l’inversion« , petit essai en clownologie mathématique (préfacé par Cédric Villani et Bertil Sylvander)
– Il nous reste des disponibilités pour la semaine de la science 2018 (la semaine des maths 2019 est quasi complète)…
– Et puis, si vous connaissez des gens riches pour co-produire une série audiovisuelle burlesque mais rigoureuse sur les mathématiques n’hésitez pas…
N°533 : la cam
La cam.
Non, pas la came, la cam.
Ce n’est pas pareil car on peut en être dépendant, et puis c’est une histoire d’œil, pas de narine…
La cam c’est pour se voir.
Parfois dans la vraie vie vraie, avec mes amis ou ma famille, on se voit.
Et finalement on sait qu’on s’est vus car nos regards se sont croisés.
Or avec la cam on ne se voit pas, aucun échange de regard.
On peut seulement voir l’autre qui est en train de nous regarder.
Mais que voit-il ?
Il me voit en train de le regarder me regarder,
C’est comme l’infini avec deux miroirs,
à la cam on ne se voit pas,
impossible de se regarder les yeux dans les yeux.
Si on veut regarder quelqu’un dans les yeux, avec la cam, il faut regarder un petit point rouge.
Il suffit juste de se convaincre que ce point rouge est le regard de ton ami.
Ce n’est pas évident, car quand même, un point rouge, c’est moins vivant qu’un regard,
sauf bien sûr pour ceux qui ont des amis avec des points rouges à la place des yeux, mais c’est rare…
et là : ah enfin, ton ami retrouve ton regard !
Enfin presque, il te voit en train de le regarder dans les yeux, certes, mais seulement comme si lui, il n’était qu’un petit point rouge…
Car on ne regarde pas pareil des yeux et un point rouge.
Mais toi, que vois-tu alors ? Un petit point rouge…
C’est nul,
alors tu regardes l’écran de l’autre, l’image de ton ami qui regarde ton image dans un écran qui regarde un point rouge.
Et personne ne voit plus aucun regard,
Foot,
Les bleus dans les yeux, coupe du Monde,
il y a un type, un cameraman,
dont le boulot consiste à trouver dans le public de beaux visages avec un regard vrai,
on y voit, visages en gros plan, des enfants, des femmes, des hommes, des émotions surtout, c’est touchant,
c’est beau et c’est sur l’écran géant du stade ça,
mais souvent tout s’écroule, c’est gâché, ou pas,
car on les voit qui voient qu’ils sont vus, plouf, ce n’est plus pareil…
C’est vraiment de la poudre aux yeux…
Une ligne blanche plutôt qu’un point rouge ?
Et puis quoi encore ? C’est n’importe quoi !
Est-ce que la cam est une came ?
Merci à chacun,
Salutations scientifiquement clownesques…
Cédricwww.ilelogique.fr