Rapport d’Interzone: mai 2006

Image004_3 Bonjour à tous,

Ce rapport est tout particulièrement consacré à la musique, en raison du nombre de nouvelles à ce sujet ce mois-ci.

Musique :

  *     Ramuntcho Matta: Mes plus grands succès :
http://www.ramuntchomatta.com/ Ramuntcho a donné un concert à Milan, Italie, le 1 juin a+mbookstore via Tadino, Milano.

   *     The Whirling Dervish:
Le groupe prepare un album et vient de donner un certain nombre de concerts : voir leur blog à http://www.myspace.com/thewhirlingdervish

   *    Neil Young “Living with the war”:
Je suis entrée en contact avec le site de Neil Young dans My Space through : http://www.myspace.com/neilyoung et j’ai découvert l’album, paroles et musiques. Je dois dire que c’est une bouffée d’oxygène. Vous pouvez écouter l’ensemble en ligne gratuitement à
http://www.hyfntrak.com/neilyoung2/AFF23130/ La vidéo de l’album est à http://www.neilyoung.com/lww/video01_wm_ref.html

Un détail amusant s’est produit alors que je découvrais l’album en ligne, tout en recopiant le rapport d’avrildans Interzone News et j’ai cliqué sans le vouloir sur l’URL de la video de Burroughs, “Thansgiving Prayer”, à http://www.youtube.com/watch?=NTETsg4FdvY&search=William Burroughs, et la vidéo s’est enclanchée en même temps que l’album. Synchronicité  impressionnante ! Vous pouvez l’expérimenter également à partir de cette page.
Je recommande aussi avec l’enregistrement de“The Last Words of Hassan Sabbah” en Real Player à http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/Lastwords-wsb.ra

     *  Maîtres Musiciens de Joujouka:
Photographies de Frank Rynne des Maîtres Musiciens de Joujouka à la Casa da Musica, Porto, Portugal: http://joujouka.net/5Gallery/ Frank a ajouté un lien à l’article datant de 1973  sur la visite de Burroughs à Joujouka avec Gysin, Hamri et Ornette Coleman. Voir “ William Burroughs and the goat god” http://joujouka.net/3Joujouka-published/ pour le télécharger en format pdf .
Voir également leur site dans My Space à http://www.myspace.com/mastermusiciansofjoujouka

   *   The Black Rider : Robert Wilson, Tom Waits et William Burroughs :
La pièce “The Black Rider” http://www.myspace.com/theblackridertheplay s’est jouée du 22 avril au 11 juin 2006 , au Ahmanson Theatre à Los Angeles. Vous pouvez obtenir plus d’information dans le site http://act-sf.org/blackrider/

Toujours dans My Space, un certain nombre de musicians m’ont demandé d’être ajoutés à ma friends’ list. J’y ai trouvé de tres bonnes musiques, dans des domaines tres différents : écoutez leurs morceaux, ils en valent le coup.

      Euphonic Dissonance : http://www.myspace.com/euphonicdissonance

      shocker_tv : nouveaux bruits http://www.myspace.com/derrida

       The Whirling Dervish http://www.myspace.com/thewhirlingdervish

       Antenne http://www.myspace.com/antenne

       Polar Bear Parade  http://www.myspace.com/polarbearparade

       Datawhore  http://www.myspace.com/datawhore

      The Prostitutes http://www.myspace.com/theprostitutes

      Ermine Violin http://www.myspace.com/ermineviolin

      OPP http://www.myspace.com/almightyopp

      Peter Hall http://www.myspace.com/thepeterhall

      O’Grady http://www.myspace.com/mickogrady

       kIM NOVAk http://www.myspace.com/kimnovakk

       Natural Ryddim http://www.myspace.com/naturalryddim

       MEHDI http://www.myspace.com/mehdimusik

       MORE DIPLOMACY http://www.myspace.com/morediplomacy

       Hana http://www.myspace.com/hanatunes

       Djivilli Quartet http://www.myspace.com/djivilli

      Perverted http://www.myspace.com/pervertedmusic

En surfant dans ces pages, vous pouvez passer une journée à écouter des musiques originales, disponibles nulle part ailleurs. Je suis globalement impressionnée par leur qualité et je les ai découvertes avec plaisir. Certaines sont devenues mes tubes du mois.

Pour les autres blogs et sites sans rapport avec la musique, voir http://www.myspace.com/interzonenews .

Dreamachines :

      Kevin Meredith www.myspace.com/ermineviolin a construit une
dreamachine électronique de poche: en ligne à
http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/dreamachinekevin.html

       dreamachine à Genève:
Si vous allez à Genève, ne manquez pas l’espace d’expo consacré à la
dreamachine de Gianluca et 10111 http://www.10111.org/0.php?wakka=FutureRetrospectives . Vous pouvez les contacter à secretariat@10111.org

Livres et textes:

       “Here to Go” de Brion Gysin et Terry Wilson est republié par Creation Books : Voir le contenu à http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/heretogocreationsbooks.html

       Aaron Walker a écrit un poème "The Ballad of Joan Vollmer Burroughs" http://myheadistoobigformybody.blogspot.com/ dans les archives de mai  de son blog
http://myheadistoobigformybody.blogspot.com/2006_05_01_myheadistoobigformybody_archive.html

       Editions de l’Eclat http://www.lyber-eclat.net : nouvelles publications: voir le détail dans Interzone news http://blog.myspace.com/interzonenews

Galeries:

       Tableaux de Vasha :
Vasha a envoyé une collection de tableaux que je commence à mettre en ligne: voir la première page à http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/vasha4.html

       Nouvelles illustrations de Paul O’Donovan:
http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/odonovan29.html

       Films panoramiques de Yannick Chosse:
Yannick Chosse vient de mettre en ligne un nouveau site sur le Marais Poitevin à www.photographies.marais.poitevin.fr .

Ressources sur William Burroughs:

       Ubu Web:
De Kevin Meredith <alan_one@msn.com>: Ubuweb contient quelques films de cut-ups de William Burroughs des années soixante téléchargeables gratuitement, y compris deux traitant de la Dreamachine : http://www.ubu.com/film/burroughs.html

       William Burroughs and the Goat God : oui-aug73.pdf [1.61mb] http://joujouka.net/file_download/1
J’ai ajoutées  ces liens à la page de documentation sur Burroughs et Gysin:
http://www.geocities.com/interzonelibrary/wsbpages.html

Sémantique générale:

Le site de blogs BlogSpirit http://www.blogspirit.com/fr/index.php ,  sur lequel j’avait commence “le blog du non-A” consacré à des commentaires de l’actualité sur la base de la sémantique générale, va cesser d’être gratuit. En conséquence, j’ai déménagé le contenu de mon blog dans celui du Monde: Bienvenue à Interzone: http://isabellebaudron.blog.lemonde.fr/isabellebaudron/ .

Catalogue d’Interzone:

La rubrique des livres a été mise à jour : http://www.inter-zone.org/catalbooks.html

Sites :

       Grazulis en Chine : voir ses photos dans son blog  http://www.flickr.com/photos/grazulis/ .  Merci Gary ! J’espère que tu vas bien et que tu es heureux. Cela semble être la cas sur tes photos.
Vous pouvez écouter son podcast à http://odeo.com/audio/1144238/view

       Dans le site “The Western Lands”:
–          Un article de Simon O’Donovan “Monaco 2006”
http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/simonodonovan2.html avec des illustrations de  Paul O’Donovan.
–          La page sur les Derniers Mots de Hassan Sabbah à http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/Derniersmots.html a été modifiée et mise à jour.

       Optical Sound  : http://www.optical-sound.com/ Voir les détails du mois dans la page de news
http://blog.myspace.com/interzonenews

       the lazarus corporation nouvelles et mises à jour : http://www.lazaruscorporation.co.uk  Voir les détails du mois dans les news http://blog.myspace.com/interzonenews

Nouvelles pages en ligne:

Dans les sites d’Interzone:

Dreamachine électronique de poche de Kevin Meredith:
http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/dreamachinekevin.html

“Here to Go” de Brion Gysin et Terry Wilson :
http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/heretogocreationsbooks.html

Tableaux de Vasha : http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/vasha4.html

Nouvelles illustrations de Paul O’Donovan: http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/odonovan29.html

Ressources de Burroughs et Gysin: http://www.geocities.com/interzonelibrary/wsbpages.html

Le blog du non-A  dans Bienvenue à Interzone: http://isabellebaudron.blog.lemonde.fr/isabellebaudron/

La rubrique des livres mise à jour: http://www.inter-zone.org/catalbooks.html

Simon O’Donovan: “Monaco 2006” http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/simonodonovan2.html

Mise à jour des Derniers Mots de Hassan Sabbah :
http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/Derniersmots.html

Dans les sites des autres Zoner:

Grazulis en Chine  http://www.flickr.com/photos/grazulis/ . Podcast à http://odeo.com/audio/1144238/view

Yannick Chosse: le Marais Poitevin : panoramiques www.photographies.marais.poitevin.fr .

The Whirling Dervish  http://www.myspace.com/thewhirlingdervish

Neil Young “Living with the war”: http://www.myspace.com/neilyoung
http://www.hyfntrak.com/neilyoung2/AFF23130/
http://www.neilyoung.com/lww/video01_wm_ref.html

Master Musicians of Joujouka:   http://joujouka.net/5Gallery/
William Burroughs and the goat god http://joujouka.net/3Joujouka-published/
http://www.myspace.com/mastermusiciansofjoujouka

The Black Rider : Robert Wilson, Tom Waits et William Burroughs :
http://www.myspace.com/theblackridertheplay  – http://act-sf.org/blackrider/

Euphonic Dissonance : http://www.myspace.com/euphonicdissonance

shocker_tv : new noises at  http://www.myspace.com/derrida

The Whirling Dervish http://www.myspace.com/thewhirlingdervish

Antenne http://www.myspace.com/antenne

Polar Bear Parade  http://www.myspace.com/polarbearparade

Datawhore  http://www.myspace.com/datawhore

The Prostitutes http://www.myspace.com/theprostitutes

Ermine Violin http://www.myspace.com/ermineviolin

OPP http://www.myspace.com/almightyopp

Peter Hall http://www.myspace.com/thepeterhall

O’Grady http://www.myspace.com/mickogrady

kIM NOVAk http://www.myspace.com/kimnovakk

Natural Ryddim http://www.myspace.com/naturalryddim

MEHDI http://www.myspace.com/mehdimusik

MORE DIPLOMACY http://www.myspace.com/morediplomacy

Hana http://www.myspace.com/hanatunes

Djivilli Quartet http://www.myspace.com/djivilli

Perverted http://www.myspace.com/pervertedmusic

dreamachine in geneva: http://www.10111.org/0.php?wakka=FutureRetrospectives

Aaron Walker "The Ballad of Joan Vollmer Burroughs" http://myheadistoobigformybody.blogspot.com/
http://myheadistoobigformybody.blogspot.com/2006_05_01_myheadistoobigformybody_archive.html

Editions de l’Eclat , nouvelles publications : voir les détails dans Interzone News  http://blog.myspace.com/interzonenews

Optical Sound  : http://www.optical-sound.com/ http://blog.myspace.com/interzonenews

the lazarus corporation nouvelles et mises à jour :
http://www.lazaruscorporation.co.uk  http://blog.myspace.com/interzonenews

Ce rapport est en ligne à
http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/reportmay06fr.html. La version
anglaise est à http://www.interpc.fr/mapage/westernlands/reportmay06.html

Amitiés.
Izzy

Le blog du non-A: Answer to Joshua Berlow’s comment

02.05.2006

Hi Iz!

Hey thanks for linking to my blog.

Ecrit par : Joshua Berlow | 02.05.2006

Hi Joshua,

You’re welcome. 🙂

Actually the note you put a comment on is about psychiatry : I answered to a mail I received about a petition to support French "public psychiatry of sector", as it is endangered here. In the note, at first I was not very  enthousiastic about the petition, and was proposing a number of ideas instead. Though I ended to sign it after getting information about its origine, because it is spread by the psychiatrists who played a big part in making psychiatry more opened and human since WW2.

One question here : what kind of structure would you suggest to professionals of psychiatry (doctors and nurses) who have to reshape the work without counting on the state anymore ?
I think that it might be the occasion of a human adventure and an opportunity to foresee different economical frames. Whatever, the question requires different points of view, to be considered from diffferent angles.

I am putting a link here to your book on psychiatry on line : "Insanity Factory: A Psychiatric Memoir" by Joshua Berlow , published by IUniverse.com. November 2000.

For the readers: Joshua Berlow is an American writer See his profile

I realize that I forgot to include it to the catalogue of Interzone books. Sorry for this. I have just added it.

Cheers.

Iz

16:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note

Commentaires

"Insanity Factory" is a critique of "for profit" mental health care. However, I’m not very supportive of state-sponsored mental health care either. I believe that since mental health issues are often related to issues of morality, such things are better discussed by priests, rabbis, mullahs, imams, etc. They don’t try to pretend that their advice doesn’t involve morality and ethics.

The Moslem world seems to be out ahead of us in making their mosques centers of activism as well as worship.

For a good critique of state-sponsored mental health care, read "Insititute of Fools" by V. Nekipelov. He was a poet who was forcibly put in a mental hospital in the Soviet Union. Reading this book opened my eyes and inspired me to write "Insanity Factory".

Ecrit par : Joshua Berlow | 02.05.2006

Le blog du non-A : Réponse au commentaire d’ Yves Gigou

23.04.2006

"Ma chère Isabelle, permettez moi cette marque d’attention, juste pour répondre à votre première interpellation, les premiers signataires de l’appel (ceux qui ont pris l’initiative de se nommer) sont la signature de ce site, je sais que cela ne vous a pas échappée.

Bonjour Yves,

Merci pour votre reponse. J’ai bien vu l’identité des gens qui ont signé la pétition, mais je me suis posé la question de qui faisait le site. Je vous prie de pardonner mon ignorance. 🙂

Cet echange me semble important, car il traite des buts respectifs, qui me semblent aller dans le même sens, et des moyens que nous envisageons pour y parvenir, qui me semblent différents.

Je vais tenter ici de m’expliquer: nous déplorons tous deux la démolition de la psychiatrie de secteur. Les pétitions me semblent utiles pour exprimer un point de vue, mais pas suffisantes pour résoudre les problèmes.

Vous voyez les choses en termes de lutte, ce qui n’est pas mon cas. Je ne pense pas que lutter idéologiquement contre ceux qui impulsent cette destruction soit d’une quelconque efficacité, parce que tout le temps et l’énergie investis dans cette lutte pourraient l’être dans une reconstruction, en fonction de nos propres critères.
Je pense que le territoire d’action est plus vaste que celui auquel le limite doctrinalement la simple lutte, et que nos possibilités d’action le sont également. Toutefois, nous ne les prenons pas en compte, limitant l’action dans des domaines où elle me semble inefficace, en raison même des mécanismes du conflit, qui nous maintient dans le cadre d’un rapport de force. C’est le propre des systèmes de contrôle de canaliser l’énergie des opposants dans des luttes, qui permettent ensuite de mieux contrôler les "lutteurs" , qui sont de toute façon en situation de faiblesse. En tant que psy, vous connaissez les mécanismes d’agressivité et de contre-agressivité. Il me semble important de ne pas tomber la dedans.

Cela implique un changement d’attitude mentale, et un changement de nature de stratégie: passer de la stratégie aristotélicienne (dualiste) basée sur l’intelligence des rapports de force à une stratégie non-aristotélicienne basée sur la force des rapports d’intelligence.

En résumé, plutôt que de se maintenir dans une lutte impulsée par le contrôle, inhérente à une conception dualiste du monde (croyance en l’existence du "bien" et du "mal" et en une lutte entre les deux), je préfère une attitude basée sur l’examen des faits, et les conséquences effectives des actes.

Continuez à résister avant que la catastrophe annoncée …voir Les hôpitaux face à une crise budgétaire sans précédent La FHF souhaite tout d’abord dénoncer l’incroyable opacité qui règne sur les modalités de financement des hôpitaux. Les règles relatives à la constitution des tarifs qui s’appliquent aux hôpitaux publics en 2006 sont aujourd’hui incompréhensibles. La baisse générale de ces tarifs en 2006 apparaît à la fois aveugle et injuste. http://www.fhf.fr/actualites/evenement.php?id=22

Je vous rejoins 5/5 sur la question de l’opacité: voir mon enquête publiée récemment:
"Des trous noirs de l’économie de marché"

La encore, dénoncer, c’est bien , mais pas suffisant. Personne n’est d’accord avec cette opacité; la question est "comment savoir ce qu’il en est exactement et y mettre un terme". Comme toute opacité dans le domaine financier, je suppose que la solution réside dans la loi : si détournements il y a, c’est devant la justice que cela doit se traiter, ce qui implique alors que quelqu’un dépose une plainte. Or cette opacité est complètement inconstitutionnelle :

"Article XIV. Chaque citoyen a le droit, par lui-même ou par ses représentants, de constater la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.
Article XV. La société a le droit de demander des comptes à tout agent public de son administration." (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789)

Donc, selon la base même de notre constitution, il me semblerait plus efficace :

a) de réfléchir dans un premier temps à des alternatives viables et de les mettre sur le papier,

b) de cesser de cautionner ce qui se passe en cessant d’y participer : si les soignants ‘(médecins, infirmiers, psychologues, assistantes sociales, aides soignants, etc.) qui font tourner les établissements, démissionnent en même temps, comme le proposait récemment un médecin chef de secteur, les hopitaux ne peuvent plus fonctionner. Toutefois,avant de tout arreter, il faut d’abord prévoir avant comment on fonctionne ensuite, sans quoi c’est le chaos.

Le plus réaliste consisterait à lâcher par étapes : pour les professionnels qui sont de fait exclus du circuit (je pense au nombre d’infirmières qui démissionnent et sont pourtant de fait des gens opérationnels, idem pour les médecins), la question de décrocher des institutions ne se pose plus, mais pour les employés d’hopitaux, il est possible de prendre un temps partiel avec une activité parallèle, et de lâcher l’hopital une fois que l’activité devient viable.

En théorie, des structures légères, simples à mettre en place à peu de frais (si, si, c’est possible), pourraient certainement permettre de recomposer complètement le paysage psy.

Nous avons les exemples de nos prédécesseurs en psychiatrie après la deuxième guerre mondiale, les expériences de la psychothérapie institutionnelle, de l’anti-psychiatrie, etc . Nous pouvons également revoir la situation en fonction du contexte actuel et voir quelles opportunités il offre : investir dans l’immobilier, acquérir des bâtiments à la campagne à des prix abordables qu’il est possible de retaper avec les patients, et y créer des lieux de vie.
Dans les villes, racheter des cafés fermés, sans fond de commerce à reprendre et sans racheter les licences, et y monter des lieux de convivialités ouverts à tous, cafés sans alcool avec espaces culturels, avec une qualité de relation comparable à celle existant dans l’esprit des cafeterias montées dans les hopitaux psy dans les années 70, etc.

Un psychiatre du côté de Chateauroux a racheté un supermarché dans un village qu’il fait fonctionner avec des autistes. Autant vous dire que la population dans un tel contexte ne peut être qu’ouverte à cette initiative utile à la communauté toute entière, et qu’il n’est pas question ici de discrimination. Il est possible de monter les projets avec les patients, en les y impliquant et leur donnant des responsabilités quand c’est possible. etc.

Il me semble qu’il existe plein de possibilités, mais elles demandent de sortir des modèles du passé, et de ne pas rester hypnotisé en appréhendant que des catastrophes nous fondent dessus.

c) de déposer une plainte commune contre les responsables de la gestion des hôpitaux, ce qui engendrerait l’ouverture d’une enquête, ce que ne peuvent faire les pétitions. Sans enquête, se limiter à dire "non je ne suis pas d’accord avec cette opacité" ne met pas un terme à l’opacité, car les gens qui l’organisent se contrefichent de ce que vous et moi pouvons en penser. Or, une telle démarche dépend de nous, et de personne d’autre.
Il ne faut pas dire "Nous sommes victimes de ce jeu et de ceux qui nous obligent à le jouer" tout en continuant à le jouer, mais "Nous arrêtons d’y jouer."
La question est de mettre des limites aux gens qui impulsent ce phénomène, tout comme en psy nous sommes amenés à poser des limites légales à des patients qui nuisent. Vous connaissez comme moi les mécanismes des jeux pervers enseignés en analyse transactionnelle : c’est exactement ce dont il est question dans ce mode de gestion que vous déplorez. A partir de là, nous pouvons parfaitement dire : "Pouce, on ne joue plus !" et passer à autre chose.

Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce film des années 70 avec Coluche et Romain Bouteille, "L’An O1". Je verrais bien un mouvement du genre "la psychiatrie doit etre faite et défaite par tous" dans l’esprit de Gentis, et je trouve que le contexte actuel nous offre une excellente occasion de concrétiser ce scénario.

Amicalement.

Isabelle

Le blog du non-A: Réponse à la pétition de Fabien-psy désaliéniste : « Non à la destruction de la psychiatrie de secteur »

14.04.2006

Je reçois aujourd’hui l’annonce d’un nouveau site sur la psychiatrie, psychiatrie désaliéniste et d’une nouvelle pétition "Non à la destruction de la psychiatrie de secteur"

Voici ma réponse, que je publie dans ce blog :

Quelques remarques sur le site :

1) Une présentation personnalisée serait bienvenue : on ne sait pas en visitant votre site de qui il émane exactement. Nous ne sommes pas dans une dictature, chacun jouit de la liberté d’expression sur le net dans notre pays, vous ne risquez rien à vous nommer, ce qui permettrait de lever toute ambiguité.

2) J’ai tenté de m’inscrire à l’espace privé, mais n’ai pas trouvé comment le faire. Faut-il, d’abord, signer la pétition ?

3) Pour ce qui est de la pétition, d’accord sur le fond, mais, à mon sens, se limiter à dire non au mode de gestion économique actuel des hopitaux me semble surtout un aveu d’impuissance. En tant qu’acteurs de la psychiatrie: médecins, infirmiers, psychothérapeutes, si nous n’avons pas de pouvoir de décision sur le mode de gestion, nous avons en revanche le pouvoir de faire au niveau thérapeutique. Autrement dit, si nous n’avons pas de pouvoir symbolique (pouvoir de décision), nous avons en revanche le pouvoir effectif, celui de décider ou non d’appliquer ces décisions, et celui de décider de soigner dans un autre cadre, défini par nous.

A partir de là, nous sommes potentiellement en mesure de nous organiser entre professionnels de la psy pour mettre sur pied nous-mêmes des alternatives économiquement viables à ce mode de gestion, à partir des
besoins humains réels, et des moyens réels dont nous disposons pour les remplir, comme l’ont fait Jean Oury au chateau de La Borde à la Cour Cheverny et d’autres.

4) Faire dépendre nos attentes et nos demandes des seules décisions des politiques ne me parait pas réaliste actuellement pour les raisons suivantes :

a) Ne connaissant pas le milieu, ils ne sont pas confrontés à la réalité des faits, et ne sont pas les mieux placés pour définir d’autres politiques indépendamment des acteurs sur le terrain. Il ne me parait pas à partir de là
censé d’attendre d’eux ce que nous pouvons faire nous-mêmes.

b) Le mode de gestion du libéralisme économique, également appelé "dérégulation du service public", ne dépend pas de l’actuelle majorité, il n’est pas limité à la France, étant mondialisé. Ce qui est en question ici n’est pas la seule politique du gouvernement français, mais des règles économiques et de normes comptables imposées dans l’espace européen. Voir à ce propos : Les changements au niveau des nouvelles normes comptables internationales
C’est, dans ce cadre, la gauche qui a appliqué le "Décret n° 80-172 du 25 février 1980 portant statut des personnels d’encadrement et de surveillance des écoles de cadres et des écoles et centres préparant aux professions paramédicales relevant des établissements d’hospitalisation publics", alors que les écoles de cadres, inventions du régime de Vichy, avaient été supprimées à la Libération; la mesure était alors passée comme une lettre à la poste.

Or, si j’en crois la position actuelle d’un certain nombre de parlementaires "Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur l’ouverture à la concurrence des services publics en matière d’énergie, de postes et télécommunications et de transports ferroviaires" (je mets ci-dessous l’intégralité de ce texte en raison de l’importance de son contenu) ils se posent les mêmes interrogations que les citoyens sur la validité de
règles économiques qui leurs sont imposées et pour lesquelles ils n’ont pas été consultées. Je pense également à Jean Lassalle, et à sa grève de la faim de 38 jours à laquelle il vient de mettre fin alors que j’écris ces lignes.

Et je me pose la question suivante : quand des élus saisissent l’assemblée nationale et mettent leur vie en danger pour défendre les intérêts de leurs électeurs, il me semble que ce n’est pas contre eux qu’il convient d’agir, mais avec eux. Il me semble que nous nous trompons de cible ici, que l’attitude qui consiste à se limiter à exiger de ce qu’il n’y a pas est infantile et inefficace, et qu’il serait plus productif de travailler avec eux à

– une analyse des mécanismes et des conséquences effectifs de ce mode de gestion,
– une restructuration sur des bases économiques valides, conformes aux bases de notre Constitution républicaine.

c) Une autre contre-vérité qu’il me parait urgent de démystifier est le postulat selon lequel "le premier principe du libéralisme économique c’est de générer du profit". Cet argument est effectivement celui avancé par les économistes pour justifier son existence et proclamer son infaillibilité. Toutefois la confrontation aux faits en termes comptables révèle en réalité une gestion désastreuse pour les établissements qui l’appliquent, et l’ensemble des groupes humains au détriment desquels il s’exerce.

L’examen des faits démontre que ce qui est en question ici n’est pas du tout la génération de profit, mais le détournement de celui-ci, se soldant par des dépenses éminemment supérieures au mode de gestion précédent, et par une fuite des capitaux vers des organismes parasitiques, dépourvus d’utilité et de fonction sur le plan thérapeutique, et dont l’existence n’est pas explicitement énoncée au départ, le public n’en étant pas informé.
En conséquence ce dont il est question ici est d’une escroquerie pure et simple, qui s’exerce au détriment de électeurs, des élus dont le rôle et les fonctions ici sont purement et simplement ignorés, et plus globalement au détriment de l’économie du pays tout entier. Or ce qui est grave ici, ce n’est pas seulement cette ignorance et ce mépris des élus du peuple, mais également l’ignorance et le mépris de la voix de ce dernier, dans la mesure où ces élus sont les représentants de ce peuple.

L’examen des résultats dans d’autres pays que la France confirme bien ce que j’avance ici : voir
– "Les échecs de la privatisation des services publics" de Bernard Girard, et
– "Réguler la dérégulation : le mythe européen" de Maurice CHAUVET, animateur de l’Observatoire du Service Public Conseil général de la Seine-Saint-Denis

Ce dont il est question ici est non pas de profit, mais d’appauvrissement, pas d’économie mais de gestion désastreuse, et pas de "lois du marché", mais de marché de dupes aux règles truquées ayant pour fonction d’institutionnaliser et de mondialiser l’escroquerie.

En conclusion sur ce point, la question ici n’est pas de rejeter sur les élus la faute d’une situation qui les dépasse en l’état actuel des choses, ni de se contenter de refuser verbalement la dérégulation des services publics, mais de faire mieux, ici et maintenant. Ce n’est pas une question de pouvoir hiérarchique, c’est une question de capacité à mettre en place des structures de soin viables et satisfaisantes sur le plan thérapeutique. Cela ne dépend pas des dirigeants, mais de la prise de conscience des professionnels de la psychiatrie et des citoyens de leurs responsabilités en tant que tels, et de leur volonté de se réapproprier leurs pouvoirs de réflexion et de décision concernant la gestion de leurs propres affaires, dont celle de leur univers mental.

d) Les mouvements d’opposition au CPE ont eu le mérite de démontrer deux choses :
– les gens qui y ont participé ont manifesté un refus commun, au delà du CPE, des conséquences de cette économie de marché truquée et ont été capables de s’organiser pour le faire.
– le but n’était pas de provoquer une guerre civile, contrairement aux affirmations de théoriciens du chaos, ni de renverser le gouvernement, comme le souhaitent les Iznogouds de service, mais de manifester ce refus de cette économie, et l’attachement du peuple au respect des droits des citoyens et à l’application de sa constitution.

C’est pourquoi les oppositions entre le peuple et ses dirigeants ne sont pas ici fondées : il me semble qu’à différents niveaux, tous vont dans une même direction, et que sont réunies ici des conditions pour que les élus restituent son pouvoir au peuple.
Plutôt que de signer des pétitions "contre", il me semblerait plus efficace d’organiser à l’intention des élus de tous les courants, une pétition nationale les déchargeant de leurs responsabilités et obligations vis à vis des instances européennes. Ceci en raison du fait que les décisions de ces institutions s’exercent au détriment du peuple et de la nation toute entière, et dans un souci de cohérence avec notre constitution même, sur la base
des article II et III de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789:
– "Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.
– Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément."
Forts du soutien du peuple souverain, les élus pourront alors informer les institutions européennes du refus du peuple français de continuer à jouer des jeux truqués, et de sa volonté de reformuler pour l’avenir des bases d’échanges plus fiables et plus conformes au modèle démocratique.

Nous pourrons ainsi nous donner les moyens d’élaborer un vrai débat public sur l’ersatz d’économie qui nous est infligée actuellement, et formuler les base de relations commerciales respectueuses de tous les partenaires,
dans notre propre intérêt mais également celui des autres peuples, en élaborant une porte de sortie hors de l’impasse économique dans laquelle nous sommes les uns et les autres, enfermés.

e) Enfin, dernier sophisme à déboulonner pour aujourdhui, la croyance diffusée actuellement par les media que refuser l’orientation actuelle de l’économie de marché consiste à nier à réalité.
Cette croyance repose sur l’opinion que la réalité serait quelque chose d’extérieur à nous, qui se déroulerait indépendamment de nous et sur laquelle nous serions impuissants à agir. Elle repose sur une ignorance du fait que cette réalité économique a été formulée par des individus donnés avant d’être traduite dans les faits. Il ne s’agit pas là d’une fatalité échappant à toute volonté humaine, mais des résultats de décisions de gens qui ont engendré cette réalité-là. Tout comme le nazisme a été engendré par Hitler sur la base de sa formulation du national-socialisme. Ainsi, pendant la dernière guerre, le nazisme était bien la réalité du moment, et nous devons aujourd’hui aux gens qui l’ont refusé, d’en avoir construit une autre. Il ne s’agissait pas de leur part d’une sorte d’idéalisme à la limite du délirant, mais de l’expression de leur liberté, de leur dignité et de leur humanité.

Isabelle Baudron-Aubert

Le blog du non-A: N° 2121 ASSEMBLÉE NATIONALE

14.04.2006

En ligne à http://www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/propositions/pio…

N° 2121

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

DOUZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 2 mars 2005.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

tendant à la création d’une commission d’enquête
sur l’ouverture à la concurrence des services publics
dans les secteurs de l’énergie,
des postes et télécommunications
et des transports ferroviaires,

(Renvoyée à la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire,
à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus
par les articles 30 et 31 du Règlement.)

PRÉSENTÉE

par MM. Daniel PAUL, François ASENSI, Gilbert BIESSY, Alain BOCQUET, Patrick BRAOUEZEC, Jean-Pierre BRARD, Jacques BRUNHES, Mme Marie-George BUFFET,
MM. André CHASSAIGNE, Jacques DESALLANGRE, Frédéric DUTOIT, Mme Jacqueline FRAYSSE, MM. André GERIN, Pierre GOLDBERG, Maxime GREMETZ, Georges HAGE, Mmes Muguette JACQUAINT, Janine JAMBU, MM. Jean-Claude LEFORT, François LIBERTI, Jean-Claude SANDRIER et Michel VAXÈS (1)

Députés.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Depuis 1990, le Parlement français a transposé une série de directives communautaires, en application de décisions prises par les chefs d’Etat de l’Union lors des sommets européens : ces directives touchant des monopoles nationaux et des opérateurs historiques sont ainsi venues déréguler des secteurs aussi importants pour notre pays, ses habitants et ses territoires que l’énergie, les postes et les télécommunications et le transport ferroviaire.

A la Libération, c’est pourtant la constitution de ces monopoles publics qui avait permis de remettre sur pied l’économie nationale. Au fil des années, ces entreprises se sont imposées sur les terrains industriels et économiques : la SNCF est considérée comme un des meilleurs chemins de fer du monde ; France Télécom et EDF ont su allier équilibre financier et développement technique sur l’ensemble du territoire national.

La gestion publique et monopolistique de ces activités a permis à ces entreprises de réaliser des économies d’échelle, de maintenir des tarifs accessibles et de péréquer leurs activités, apportant ainsi des réponses au plus près des besoins des usagers.

Enfin, et c’est là leur spécificité, les activités économiques de France Télécom, d’EDF-GDF, de la Poste et de la SNCF, se sont distinguées en s’inscrivant constamment dans une logique dépassant celle des stricts intérêts économiques et financiers. Elles ont su garantir à chacun le droit d’accéder à des biens essentiels, mais aussi répondre à l’intérêt général des collectivités pour assurer la cohésion sociale et territoriale, tout en développant des emplois de qualité, en s’inscrivant dans une logique d’aménagement du territoire et de développement de la recherche.

Les services publics ne font pas seulement partie de notre culture politique : ils constituent une notion juridique définie par les plus hautes instances juridiques nationales. Programme politique, le service public est ainsi devenu une forme juridique.

Le Conseil d’Etat a en effet déterminé trois principes constitutifs du service public : celui de la continuité, qui renvoie à l’existence d’un besoin social ou stratégique à satisfaire et qui implique que l’activité soit continue ; celui d’égalité, selon lequel tous les usagers sont placés en position égale, sans discrimination ni avantage particulier (d’où l’instauration d’une péréquation sociale et géographique des tarifs) ; enfin celui d’adaptabilité, requérant que les prestations soient adaptées en permanence aux besoins et évoluent en quantité et en qualité.

De plus, le paragraphe 9 du Préambule de la Constitution de 1946 mentionne que « tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. »

Or, depuis le Traité de Maastricht, la réalisation du marché intérieur, fondée sur la libéralisation des économies, constitue le socle de la politique de l’Union Européenne.

Dans les secteurs susmentionnés, les lois de transposition des directives communautaires s’inscrivent dans un processus de mise en concurrence des opérateurs historiques avec d’autres groupes nationaux, ainsi qu’avec d’autres entreprises privées.

Une note de la Commission européenne de 1996 qualifie certes les industries de réseau de « services d’intérêt général ». Toutefois, cette notion semble bien un calque appauvri de la notion de service public. Elle n’implique plus de péréquation tarifaire, mais une « égalité d’accès » aux services. Elle mentionne des « services de qualité à un prix abordable », sans pour autant faire référence à la péréquation tarifaire et sociale. Les « obligations de service universel » n’exposent quant à elles les opérateurs qu’à un minimum de contraintes par rapport aux missions de service public.

Outre que les objectifs des « services d’intérêt général » sont peu ambitieux, plusieurs éléments permettent de douter de la compatibilité entre une économie concurrentielle, inscrite dans un circuit de financement visant la rentabilité à court terme, et l’accomplissement des missions économiques et sociales des industries de réseau.

La gestion de ces entreprises est en effet soumise à de nouvelles règles qui s’inscrivent dans une seule vision libérale de l’économie et des rapports humains.

Dans tous les anciens services publics, les directives européennes organisent la segmentation des activités des opérateurs historiques, avec notamment la séparation des comptes par activité au sein des entreprises publiques. Ceci désolidarise les activités les plus rentables financièrement des autres activités plus coûteuses mais nécessaires. C’est ainsi que la branche voyageurs, bénéficiaire à la SNCF, ne peut désormais plus intervenir dans le développement du réseau fret.

Cette segmentation permet aux opérateurs privés de capter les secteurs les plus rentables du marché. Une partie du courrier industriel est déjà entre les mains de concurrents de la Poste, alors même que l’essentiel du chiffre d’affaire « courrier » était réalisé auprès de ces entreprises. Dans le domaine énergétique, l’entretien du réseau de transport est à la seule charge d’EDF. Enfin, les impératifs de rentabilité à court terme ont par exemple amené EDF à se lancer dans des opérations d’acquisitions à l’étranger fort coûteuses en fonds propres, justifiant à présent, pour les libéraux, la fuite en avant dans la concurrence et l’ouverture du capital !!!

Parallèlement à l’ouverture des réseaux à la concurrence et à l’introduction de modes de gestion capitalistique, on observe des évolutions inquiétantes dans tous les secteurs susmentionnés, qui mettent à mal les principes constitutifs du service public définis par le Conseil d’Etat. De sérieux freins sont mis à la contribution des services publics à l’aménagement du territoire, au développement d’emplois stables et qualifiés, et à l’effort de recherche.

Ces évolutions font douter des bénéfices qu’usagers et citoyens devraient, selon les défenseurs des libéralisations, tirer de l’ouverture à la concurrence. Aussi, il est urgent que le bien fondé de cette vaste entreprise de dérégulation des services publics soit soumis à un examen critique.

On constate en effet une hausse généralisée des tarifs, qui compromet le principe d’égalité. Pour ne prendre que deux exemples, de 1995 à 2003, les tarifs de l’abonnement au téléphone fixe ont augmenté de 86 % ! L’Union des Industries Chimiques dénonce une augmentation du prix de l’électricité de 55% en quatre ans et l’on sait que cette augmentation va se poursuivre, pour augmenter les fonds propres d’EDF et pour favoriser la concurrence ! Cette hausse des tarifs est couplée à une différenciation des prix, notamment dans le secteur postal, au mépris de la péréquation tarifaire.

La qualité des réseaux s’est également dégradée. La fermeture de lignes de fret et de bureaux postaux de plein exercice dans les zones les moins peuplées ainsi que l’inégal accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication viennent directement remettre en cause le principe d’adaptabilité du service public. A court terme, ceci représente une menace pour la vitalité et l’aménagement des territoires, ainsi que pour l’égalité d’accès des usagers aux services.

Sur le long terme, la sécurité d’approvisionnement en énergie pourrait être menacée, au mépris du principe de continuité. Les expériences de dérégulation en Grande-Bretagne, en Italie et aux Etats-Unis ont montré que l’ouverture à la concurrence s’était bien souvent suivie de ruptures d’approvisionnement.

Outre ces entorses aux principes définis par le Conseil d’Etat, on constate une dégradation de l’emploi public, avec un développement des emplois précaires et un investissement moindre dans la recherche. C’est l’équilibre économique et social de notre démocratie qui est ainsi en cause.

Il semble donc que le marché ne soit pas à même de respecter les missions fondamentales des services publics.

De plus en plus nombreux sont les chercheurs travaillant sur les industries de réseau qui s’interrogent sur la pertinence, tant économique que sociale, de l’ouverture à la concurrence de ces secteurs publics.

Les élus locaux et les populations, à travers le pays, protestent contre des fermetures de services, tandis que les salariés dénoncent les réductions de moyens humains et matériels, mettant parfois en cause la sécurité des installations, réalisées au nom d’une rentabilité préparant les ouvertures des entreprises publiques aux capitaux privés, étapes vers la constitution de monopoles privés.

Alors même que la construction européenne pourrait s’appuyer sur des secteurs publics rénovés de chaque pays et les inciter à coopérer, ou initier des services publics à l’échelle européenne, tout indique, au contraire, la volonté de poursuivre dans la voie de la concurrence et de l’ouverture du capital, étape vers la privatisation, comme l’a montré l’évolution de France Télécom. C’est d’ailleurs le sens du projet de traité constitutionnel soumis à référendum, lorsqu’il indique, parmi les objectifs de l’Union la création « d’un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée ».

L’analyse est aujourd’hui possible, tant en France que dans les autres pays européens, des conséquences de cette orientation ; elle est nécessaire pour, éventuellement, réorienter le processus à l’œuvre.

En conséquence, il est du devoir du parlement, au moment où de nouvelles étapes sont annoncées dans la libéralisation des entreprises publiques, de réaliser un bilan des ouvertures à la concurrence de ces secteurs publics, à la lumière des critères constitutifs de ceux-ci.

Telles sont les motivations qui conduisent le groupe des député-e-s communistes et républicains à vous proposer la création d’une commission d’enquête parlementaire chargée d’établir ce bilan.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Article unique

En application des articles 140 et suivants du Règlement, est créée une commission d’enquête de trente membres chargée d’investiguer sur les conséquences de l’ouverture à la concurrence des services publics nationaux suite à la transposition des directives communautaires, dans les secteurs des télécommunications, de l’énergie, de la Poste et du transport ferroviaire.

Cette Commission d’enquête sera chargée d’analyser les impacts de l’ouverture à la concurrence sur la fixation des prix et le principe de péréquation tarifaire, la qualité des services rendus, l’aménagement du territoire et la sûreté des réseaux ainsi que le statut des salariés.

Composé et imprimé pour l’Assemblée nationale par JOUVE
11, bd de Sébastopol, 75001 PARIS

Prix de vente : 0,75 €
ISBN : 2-11-119017-9
ISSN : 1240 – 8468

En vente à la Boutique de l’Assemblée nationale
4, rue Aristide Briand – 75007 Paris – Tél : 01 40 63 61 21

————–

N° 2121 – Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur l’ouverture à la concurrence des services publics dans les secteurs de l’énergie, des postes et télécommunications et des transports ferroviaires (M. Daniel Paul)

1 () Constituant le groupe des député-e-s communistes et républicains.

Le blog du non-A: Reporters Rédacteurs d’Interzone: Nouveaux articles en ligne

16.03.2006

* Sixième volet de l’enquête : « Economie : quelques facteurs non pris en compte dans les débats sur le traité de Constitution européenne » :
une interview de John Kenneth Galbraith : 6. Les nouveaux mensonges du capitalisme : Interview de John Kenneth Galbraith par François Armanet (Nouvel Obs)

* Des trous noirs dans l’économie de marché :

1. Frais d’inscription aux concours d’entrée aux IFSI et écoles d’aides-soignantes et coût des formations 

2. Le Monde (28/02/06) : Un rapport dénonce l’opacité de la formation médicale continue (A suivre)

Le blog du non-A : Proposition de restructuration du niveau économique sur les bases de notre constitution républicaine et dans le cadre du paradigme scientifique de notre époque

16.03.2006

Dans le cadre des enquêtes que j’écris sur l’observation des conséquences de l’économie de marché actuelle dans le domaine de la santé, j’en viens à m’intéresser à la dérégulation des services publics et à l’introduction de l’économie de marché dans ceux-ci.

1. Electeurs et élus dans la même position :

Deux documents trouvés sur Internet me semblent utiles pour appréhender la situation économique française, et l’analyse des faits permet alors de dégager des perspectives de résolution des problèmes à l’échelle du pays :

Le premier document émane de l’Assemblée Nationale : http://www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/propositions/pion2121.pdf Il s’agit d’une demande de création d’une commission d’enquête sur l’ouverture à la concurrence des services publics émanant de députés (2005). Ce document démontre que ceux-ci s’interrogent sur les effets qui s’avèrent nuisibles de cette ouverture à la concurrence et sur le manque de voix au chapitre des élus en la matière.

Le deuxième « Les échecs de la privatisation des services publics » traite des effets de cette même dérégulation hors de France, aux Etats-Unis et au Royaume Unis, et la description qui en est faite, qui recoupe ceux pointés dans le document de l’Assemblée Nationale, permet de constater d’une part que ces effets ne sont nullement le fait des dirigeants français, et d’autre part qu’au moment où ceux-ci ont signé les contrats relatifs à cette dérégulation, contrats impulsés non par eux-mêmes mais par l’OMC, ils étaient ignorants a priori de leurs conséquences futures.

Personnellement, pour ce que j’en observe à mon niveau dans le domaine de la santé, le bilan est effectivement non seulement désastreux sur le plan humain, mais également sur le plan économique. (Voir les enquêtes : « Description des conséquences de la privatisation et de l’économie de marché observées dans le secteur de la psychiatrie publique » ou « Des trous noirs dans l’économie de marché :
1. Frais d’inscription aux concours d’entrée aux IFSI et écoles d’aides-soignantes et coût des formations
2. Le Monde (28/02/06) : Un rapport dénonce l’opacité de la formation médicale continue

Dans ce contexte, il convient de ne pas mélanger les causes et les conséquences :
Ce dont il est question ici, c’est de la mondialisation d’un système truqué basé sur le pillage organisé, et de règles financières basées sur l’institutionnalisation de l’escroquerie, qui est imposée aux électeurs comme aux élus, sans qu’ils soient consultés et sans qu’ils aient la possibilité de l’accepter ou de le refuser.

Autrement dit, nos élus, comme ceux des autres pays, se sont faits avoir.

2. Un système basé sur la généralisation de la culpabilité :

* Un des pièges des plus pernicieux de ce système est que, dans les faits, il ne tolère que les gens qui participent à sa dynamique, et qu’au bout du compte, tout salarié est un jour ou l’autre en position de devoir être individuellement confronté aux conséquences de cette économie, et d’en endosser personnellement la culpabilité sur le plan judiciaire.

Exemple : Travaillant comme infirmière dans des maisons de retraite où les effectifs infirmiers sont exsangues, il ne m’est pas possible d’accomplir tous les actes infirmiers : si j’accepte de travailler seule dans un établissement de 130 résidents, j’assume par là même la responsabilité pénale des erreurs découlant d’une charge de travail supérieure à mes capacités d’exécution, autrement dit, j’endosse la responsabilité du manque de personnel à la place des dirigeants de l’entreprise; le personnel infirmier étant insuffisant pour réaliser les tâches infirmières, une partie de celles-ci sont accomplies par des agents de service non qualifiés, auquel l’infirmière « délègue » le soin de les réaliser : distribution de médicaments, injections, etc.

Tout directeur d’établissement appartenant à un groupe financier dépend des actionnaires, et des bénéfices qu’il leur rapporte, ce qui implique de cautionner et de participer aux techniques de management indispensables pour y parvenir, au détriment des résidents et du personnel.

En d’autres termes, ce système repose sur la culpabilité généralisée. Il est alors facile d’attaquer des individus de temps à autre en criant au scandale, et de leur attribuer la culpabilité pénale des actes et comportements induits par ce type de management. N’importe qui est ainsi potentiellement justiciable.

* Cette culpabilité généralisée entraîne une loi du silence sur ses pratiques. Pour lutter contre cette omerta, l’IFRS a institué la pratique du wistleblowing, qui consiste à encourager les employés à dénoncer les pratiques frauduleuses quand ils y sont confrontés. Bien entendu, le système éjecte ses membres qui les dénoncent, mais le calcul ici est mauvais : l’employé licencié ne perd qu’un emploi, et à l’époque actuelle, dans le cadre de la pratique du turn over, et de la dévalorisation du travail, passer d’un emploi-kleenex à un autre tient de la routine.

En revanche l’entreprise « whistleblowée » a beaucoup plus a perdre : voir les dégâts engendrés chez Enron. Ainsi les brillants théoriciens de cette économie de marché n’ont rien trouvé de mieux que de se mettre en position de vulnérabilité, à la merci potentielle d’un seul individu. Désastreux sur le plan stratégique !

a) Changer les règles en restructurant un modèle économique antique et obsolète sur les bases de notre évolution scientifique actuelle :

Plutôt que de continuer à fonctionner dans un système aux règles truquées dans lequel tous les joueurs sont coupables, ne serait-il pas plus judicieux d’élaborer de nouvelles règles non truquées, qui seraient de l’intérêt de tout le monde ?

Le postulat du libéralisme qui présente les lois économiques comme scientifiques ne tient pas debout. Ces lois, pas plus que les principes d’Aristote dont ce dernier disait qu’ils reflétaient les lois de l’univers », ne sont ni universelles ni immuables, ce sont des inventions humaines, qu’il convient de changer si elles se révèlent nuisibles pour nous.

Ici la conception de l’argent symbole décrite par Korzybski est utile pour comprendre ce qui se passe : l’argent est un symbole d’échange entre humains, et sa valeur dépend des gens qui l’utilisent, elle repose sur une convention entre ses utilisateurs. Hors de ceux-ci, l’ « argent » n’existe pas : sans une structure humaine pour le concevoir comme tel et le désigner sous ce nom, il n’existe aucun « argent » préexistant à l’apparition de l’homme sur la planète, et dans un désert, une valise pleine de billet n’est pas « de l’argent », elle n’est qu’une valise de morceaux de papier recouverts d’encre, dépourvus de sens et de fonction sans une structure humaine pour lui attribuer une valeur d’échange.

En conséquence, la valeur de l’argent dépend de nous.

Si nous restructurons à partir de l’analyse ci-dessus, nous constatons qu’il est alors possible d’élaborer entre électeurs et élus un nouveau « contrat économique », conforme à notre « contrat social », structurellement similaire aux bases de notre constitution, et permettant d’effectuer des échanges sur des bases saines entre gens de bonne compagnie.

b) Restructurer sur la base des faits :

Sur quelles bases pratiques tangibles pouvons-nous élaborer ce nouveau contrat économique ?
En partant très prosaïquement non pas de budgets ni d’études de marchés élaborés sur des données informatiques douteuses et des prévisions à la fiabilité hypothétique, mais sur la base des faits :
– Quels sont les besoins humains à remplir ?
– De quels moyens et ressources disposons-nous exactement pour les remplir ? (financiers, matériels, humains, etc.)

c) Emploi : partir des capacités réelles des demandeurs d’emploi pour remplir des besoins humains réels :

Dans le domaine de l’emploi, parallèlement à toutes les mesures gouvernementales possibles et imaginables, il y aurait un moyen très simple de diminuer la pression :
Créer dans chaque municipalité un lieu de convivialité, de parole, de rencontre, sur le plan humain, dans lequel les gens qui cherchent du travail pourraient faire leur CV non pas en fonction de diplômes, mais de ce qu’ils savent faire et aiment faire exactement, de leurs capacités réelles, qui sont en réalité plus étendues que la marge de qualification que leur reconnaît l’ANPE.

La encore, plutôt que de limiter les capacités des demandeurs d’emploi au dixième de leur potentiel, à une marge de capacité minimum, ce à quoi se consacre l’ANPE, il est parfaitement possible de leur permettre de mettre sur pied des structures leur permettant d’utiliser l’ensemble de leurs capacités réelles et effectives.

Question : A quoi sert le travail ?

Réponse : A remplir des besoins humains.

Sur cette base, il est parfaitement possible de monter dans chaque municipalité des structures où les demandeurs d’emploi s’organiseraient pour assurer des services à la population, et auxquelles celle-ci pourrait s’adresser directement, et régler ceux-ci par le biais de cheques emploi service.

d) Changement de relations entre électeurs et élus :

Toutefois ceci passe par un changement d’attitude mentale de la part des électeurs et des élus :

* de la part des électeurs :
– par un minimum d’analyse sur la situation économique actuelle par une volonté de cesser de prendre les élus comme bouc émissaires de la situation économique actuelle et de détourner les enjeux économiques à des fins politiques : le non au projet de constitution européenne n’était pas un « non à Chirac », c’était un non aux règles économiques sur lesquelles repose ce traité, un refus des citoyens de continuer à en subir les conséquences.

– Par la prise de conscience que la situation du pays ne dépend pas seulement des décisions des élus, mais également du rôle des citoyens, et du fait que ceux-ci cessent de déléguer leur pouvoirs de réflexion et de décision aux premiers : il est possible d’agir hors du champ politique et sans argent en regroupant les ressources, énergie et matières grises dans des buts humains fixés. Limiter la seule action à la contestation politique ne mène à rien si au bout du compte on n’est pas capable de faire mieux que ce qui se fait.

– Par un changement relationnel envers les forces chargées d’assurer la sécurité des citoyens :

• Tout d’abord parce que s’opposer à ces forces revient à se placer dans un rapport de force dans lequel on est en état de faiblesse, ce qui est stratégiquement désastreux et signifie qu’on part perdant au départ.
• Ensuite parce que les rapports de force ne sont pas compatibles avec les bases de la démocratie, que ces forces sont au service des citoyens et que leur fonction consiste à assurer notre sécurité, non de servir de bouc émissaire à la vindicte des citoyens ni de défouloir au trop plein d’énergie des adolescents. Si les citoyens instaurent avec elles des relations de respect mutuel, ils peuvent ainsi sortir du cycle « provocation-répression » qu’ils impulsaient auparavant : pas de provocation = pas de répression.
• Enfin parce que l’expérience démontre (Irak) qu’un pays qui se retrouve privé de ses forces sombre dans le chaos et devient la proie des pillard, que celles-ci en sont alors les premières cibles, et que si nous vivons aujourd’hui en démocratie, c’est à elles que nous le devons.

* de la part des élus :

– Par la prise de conscience du rôle de chacun : il est impossible à des élus, si doués et bien intentionnés soient-ils, de décider à la place des citoyens, au dessus d’eux, car personne n’est mieux placé que ces derniers pour savoir ce qu’ils vivent et ce dont ils ont besoin. D’où la nécessité d’un changement dans la direction de l’impulsion :

– Au lieu de s’approprier le monopole des décisions, il est possible aux élus de consulter leurs électeurs auparavant, non pas seulement sur les bases de mots d’ordres politiques ou idéologiques, mais en fonction de ce que ceux-ci vivent réellement. L’impulsion ne soit pas aller du haut vers le bas, mais du bas vers le haut.

Ce dont il est question ici est un simple changement de relations, mais celui-ci est lié à l’application de la démocratie, dans la mesure où il est structurellement similaire à son modèle : « Liberté-Egalité-Fraternité » n’est pas compatible avec des rapports de force; sa traduction dans les faits implique un changement de stratégie – passer d’une stratégie basée sur l’intelligence des rapports de force à une stratégie basée sur la force des rapports d’intelligence – et un changement de structure de relation – « Une structure est l’ensemble des relations existant entre les éléments d’un ensemble » Henri Laborit. – basée sur l’inclusion de tous les éléments dans le même ensemble, et une structure de relation similaire à la structure de l’organisme humain : non-dominance, complémentarité, interdisciplinarité, ouverture informationnelle (Henri Laborit : « La Nouvelle Grille »)

Ce changement ne peut être imposé d’en haut, il ne peut provenir que de la volonté individuelle de le traduire au niveau des faits de la vie de tous les jours. Ce n’est pas ici une question de morale, mais de similarité de structure avec notre modèle politique, autrement dit, de cohérence. Il implique que nous cessions de penser et de nous comporter en fonction d’un modèle de comportement antique générateur de conflits tous azimuts pour adopter un modèle de relation permettant de vivre ensemble entre gens de bonne compagnie. Point besoin d’études pour cela, c’est du niveau de la maternelle, et tout individu normalement constitué est en mesure de le comprendre.

Ce changement de structure de relation peut alors permettre un changement de relations entre les différents courants politiques de la nation : en finir avec les relations de compétition et de dominance entre les différents partis pour considérer ceux-ci en termes de complémentarité, et voir ce qu’ils peuvent construire ensemble.

– Sur le plan économique : si les députés remettent en cause les règles économiques actuelles dont la population ne veut pas, il me semble qu’il existe ici des bases d’accord et de compréhension : il est possible à partir de la pour nos élus de se faire nos portes parole auprès des instances internationales, de les informer que nous ne sommes plus d’accord pour accepter des contrats truqués, qui s’exercent à notre détriment, et sont sur notre territoire complètement inconstitutionnels, et que par conséquent nous demandons une révisions de ces règles.

4. Moyens dont nous disposons réellement pour remplir les besoins humains.

a) Elaborer les bases d’une économie non truquée sur le plan national :

Partir de notre modèle démocratique : élaborer un modèle économique structurellement similaire à notre constitution :

Répertorier les besoins humains réels,

Répertorier l’ensemble des moyens dont le pays dispose réellement à tous les niveaux.

Dans notre pays, les moyens doivent être supérieurs aux besoins.

– commencer dans un premier temps à remplir les besoins humains, puis voir ce qu’on fait du surplus.

– Instituer des règles commerciales

* qui soient de l’intérêt de tous les partenaires,
* qui permettent d’enrichir les gens qui n’ont rien => relèvement de tous les niveaux de la société : les riches restent riches, mais utilisent leur richesse pour enrichir les pauvres. (voir « Une mondialisation non-aristotélicienne »)
– restructurer le travail en fonction des besoins humains :
– au niveau des entreprises : licencier les emplois parasitiques et former et embaucher des gens remplissant les fonctions réelles; il suffirait pour cela que l’Etat institue, comme en Belgique pour le personnel infirmier, des normes en personnel, dont le non respect entraînerait la fermeture de l’établissement dans les 24 heures.

– contrôle des comptes des entreprises par des associations de gestions agrées permettant des contrôles rapide : il n’est pas logique que des contrôles de comptabilité durent des années, alors qu’ils devraient pouvoir être transparents et consultés en 5 minutes : mettre des garde-fous légaux engendrant la transparence; publication publique mensuelle des comptes, etc.

– redéfinir les interdits en fonction d’une nocivité réelle et démontrable : supprimer les formations de management financées par des sectes ou utilisant des méthodes basées sur la déshumanisation, supprimer le harcèlement professionnel.

– Elaborer des règles d’une économie non-aristotélicienne basée par la prise en compte des ressources et des capacités réelles, qui sont plus étendues que celles répertoriées, autrement dit, en fonction d’une carte du territoire plus fiable et plus prometteuse que celle qui a cours actuellement.

et l’expérimenter dans un premier temps sur notre territoire, comme une expérience pouvant profiter également aux autres pays : si elle se révèle concluante au niveau national, elle peut alors être étendue au niveau international et constituer une alternative à l’économie de marché actuelle, qui de toutes façons est appelée à s’effondrer à plus ou moins long terme par épuisement des ressources : le fait est que si, après expérimentation, une économie non-aristotélicienne donne des résultats conformes aux attentes de départ, et se révèle de l’intérêt de tous les partenaires, ceux-ci ont alors intérêt à l’adopter.

Ce dont il est question ici est de structurer l’économie en fonction du paradigme scientifique de notre époque.

b) Passer du national à l’international :

– Appliquer le même principe, qui est comparable à l’origine à ce qui s’est passé au sein de la communauté européenne, ou les fonds européens ont servi à certains pays à acquérir une situation économique bien meilleure (Espagne).

– Portés à l’universalité sur le plan international, les résultats sont l’inverse de l’économie actuelle : au lieu d’un pillage économique et d’un enrichissement d’une minorité au détriment de la majorité, on aboutit à un développement des ressources et à enrichissement global.

Ce dont il est question ici n’est pas d’élaborer une économie antagoniste à celle qui existe, ni contre les intérêts de ceux qui la dirigent, mais une économie qui peut inclure ces derniers dans la mesure où ils acceptent d’en respecter les règles, règles qui seront également dans leur intérêt, tout comme elle est dans l’intérêt des gens au détriment desquels s’exerce actuellement l’économie de marché. Ce dont il est question ici est d’un changement de paradigme au niveau économique, qui implique de passer le cap d’une économie structurée sur des bases antiques (Aristote : 4° siècle avant JC) par une économie structurée sur les bases de notre paradigme scientifique actuel.

Sur le plan de notre structure mentale, cela implique de sortir de la logique dualiste aristotélicienne du conflit (droite contre gauche, libéralisme contre socialisme, électeurs contre élus, etc.) pour opérer un rassemblement des énergie et des capacités sur la base de notre modèle de démocratie républicaine dont tout le monde se réclame et dont il dépend des uns comme des autres qu’il soit appliqué, et de personne d’autre.
.
La seule condition consiste à intégrer les bases de la sémantique générale : non pas un ersatz de sémantique générale revue et corrigée par les experts en management, mais simplement les principes de bases de la SG élaborés et énoncés par Korzybski, que chacun peut apprendre par lui-même (voir la documentation en ligne dans le site « La sémantique générale pour tous »), appliquer , intégrer, et le cas échéant de développer.

Ceci passe également
– par une prise de conscience de la responsabilité personnelle et des conséquences de l’inaction et du manque de réflexion,
– par la prise de conscience des capacités, des ressources et des moyens réels, qui sont actuellement inutilisés,
– par la prise de conscience que la situation n’est ni tragique, ni désespérée, mais qu’elle dépend de nous, et de notre attitude ici et maintenant.

Isabelle BAUDRON-AUBERT
16/03/06

Blog du non-A : Réponses aux questions posées par Francis Néri

25.01.2006

Réponse aux questions posées par Francis Néri

dans sa note du 26/12/05 "Discrimination et ségrégation" :

Quelques questions que je me pose et auxquelles je vous invite à répondre !

Bonjour Monsieur Néri,
Je vais tenter de partager avec vous les réflexions que certaines m’inspirent, sans pouvoir néanmoins répondre à toutes, ce qui me paraît impossible en raison de leur nombre. Mais les questions que vous posez ici me semblent primordiales et m’ont donné envie de partager avec vous mes réflexions à leur sujet.

Trois qui me sont essentielles :
La religion est-elle au cœur d’une identité à construire ?

De quelle construction d’identité parlez-vous ? Si c’est en termes de sémantique générale qu’il est question d’aborder les problèmes ici, cette formulation ne me semble pas correspondre à cette discipline : le concept d’identité est inhérent à la logique d’Aristote, dont il constitue le premier principe. La sémantique générale le rejette catégoriquement. Voir à ce sujet la deuxième conférence de Korzybski à Olivet College à http://semantiquegenerale.free.fr/Articles/Olivet2.html

Si je comprends bien votre question, corrigez-moi si je me trompe, elle signifie : « Est-il nécessaire de s’identifier à une religion pour construire l’image de soi-même ? » Et le fait est que certaines personnes se définissent avant tout en fonction de leur religion et privilégient les critères d’évaluation religieux à tout autre.

Il me semble ici que la sémantique générale peut nous aider à avancer dans la mesure où elle peut nous amener à faire la différence entre les différents niveaux d’abstraction :
a) Niveau des religions et niveau des gens qui les représentent
b) Niveau des religions et niveau des textes sacrés
c) Niveau des religions et niveau des discours
d) Niveau des religions et de la spiritualité
et ainsi prendre du recul par rapport à des dogmes d’origine humaine, sans lien avec l’origine des religions, et parfois élaborés dans des contextes historiques sans rapport avec le monde dans lequel nous vivons actuellement.

Au-delà des différences religieuses, les concepts d’Etat laïc et de séparation de l’Eglise et de l’Etat permettent d’englober chaque croyance à partir du moment où elle ne nuit à personne et respecte la constitution. C’est pourquoi dans notre pays le niveau religieux n’est pas opposable au niveau constitutionnel, ce dernier l’intégrant.
Le niveau religieux engage notre vision de l’homme et du monde. Celle-ci est différente selon qu’on considère que notre vie commence à notre naissance et s’arrête à la mort de notre organisme comme le font les athées, ou selon qu’on considère qu’elle n’est pas limitée à la vie de l’organisme, comme c’est le cas des croyants.
Quoi qu’il en soit, chacun est parfaitement en droit d’adopter pour lui-même la conception qui lui convient, mais pas de l’imposer à quiconque.

Y a t-il une voie entre assimilation et vie séparée ?

Pour être moi même allée travailler à l’étranger, je sais que l’assimilation n’est pas seulement une question de volonté personnelle : il ne me semble pas possible d’être « complètement assimilé », à savoir de se couler dans le moule du pays où l’on arrive en mettant de côté sa culture propre: j’arrive dans un autre pays avec ma propre culture, il m’est impossible de la mettre de côté, elle imprègne mes façons de penser sans même que j’en aie pleinement conscience. Dans mon propre cas, il s’agissait de la Belgique, et j’ai réalisé en côtoyant les Belges que certains mots que nous utilisions les uns et les autres n’avaient pas le même sens : dans le domaine de la philosophie par exemple, le terme n’a pas le même sens en France et en Belgique, en raison des différences du contenu et de la structure de l’enseignement : en Belgique, le but de la philosophie, qui est enseignée dans le cadre de cours de morale, consiste à procurer aux élèves un esprit critique. Ce fait a d’ailleurs engendré un certain nombre de malentendus entre les membres belges et français des listes des cafés philo, qui s’affrontaient sur le contenu de leurs échanges, chacun mettant sous le terme de « philosophie » ce qu’il avait vécu dans son propre pays en le considérant comme « seul vrai », tout en rejetant le contenu du terme dans l’autre pays et sans savoir qu’il s’agissait de deux enseignements différents. Il y avait en réalité la « philosophie 1 » appliquée en France, et la « philosophie 2 » qui a cours en Belgique, qui existent toute les deux, et dont il n’existe aucune autorité au dessus des peuples pour décider qu’une est « meilleure » ou « plus vraie » que l’autre.

Il me faut donc du temps pour prendre conscience des nouveaux concepts du pays dans lequel j’arrive, dont je ne suis pas informée au départ. Cette découverte implique de prendre une certaine distance par rapport à ma culture propre et de me plonger dans celle du pays où j’arrive, afin de pouvoir l’appréhender dans une certaine mesure. Et pour cela, je dois côtoyer les gens du pays, afin d’apprendre à leur contact leur façon de penser et de réagir. Je dois me familiariser avec les expressions et mots nouveaux du français parlé en Wallonie, afin de pouvoir comprendre les gens.
En conséquence, je pense que nous avons un rôle important à jouer dans cette assimilation : il importe de donner aux nouveaux venus des cartes du territoire dans lequel ils arrivent, sans quoi ils ne peuvent s’y orienter correctement. Et cela implique un travail de pédagogie.

En revanche, le choix de vie séparée me pose question : si je vais habiter dans un autre pays en vivant coupée de celui-ci, en le concevant comme antagoniste au mien, quel est l’intérêt d’y venir ? Si je veux vivre comme chez moi, je reste chez moi, mais je ne peux pas aller vivre ailleurs et m’attendre à y vivre comme dans mon pays, ce qui revient à exiger de ce qu’il n’y a pas. Ou plus exactement, je « peux » le faire, mais le résultat sera profondément frustrant pour moi.

Faut-il placer le droit à la différence et à la diversité avant l’identité de la France ?

1. Tout d’abord un mot concernant « l’identité de la France » : il n’existe rien de tel que « la France » qui aurait une identité statique et immuable . Une anecdote amusante sur mon vécu au retour de Belgique : alors qu’en arrivant en Belgique j’avais du me familiariser avec le wallon, j’ai du faire de même à mon retour en France du fait de l’apparition, dans le langage courant chez les gens que je rencontrais, d’expressions qui n’existaient pas à mon départ : « Ca le fait pas », « Noir de chez noir », « du taf », etc…. Déménageant de Belgique en Bourgogne, j’en avais déduit tout d’abord qui s’agissait là d’expressions régionales. Quel ne fut pas mon étonnement en les entendant également utilisées dans les média par un certain nombre de gens : je me suis dit « Il y a quand même beaucoup de Bourguignons dans les média en France. » et la confrontation aux faits a démoli mon hypothèse, en raison de l’étendue de la dispora bourguignonne qui aurait alors immigré à Paris si cette hypothèse avait été exacte, et j’ai réalisé que ces expressions n’étaient pas bourguignonnes, mais qu’elles étaient apparues en France après mon départ 🙂

Le pays dans lequel je revenais fin 2002 n’était plus le même que celui que j’avais quitté en 1999 : le gouvernement était différent, avaient eu lieu un certain nombre d’événements dont je n’avais pas eu connaissance. La France, tout comme nous, est en constante évolution, et n’est jamais identique d’un moment à un autre.
Parallèlement, l’image que j’avais de mon pays en partant de celui-ci s’était modifiée à mon retour, dans la mesure où j’avais confronté les lieux communs et l’auto-dévalorisation nationale à l’image du pays en Belgique et en Hollande, qui se révélait éminemment plus positive. Ainsi ces trois ans hors des frontières m’ont permis de prendre conscience d’aspects de la France dont je ne tenais pas compte auparavant, ce qui m’a permis d’y revenir par choix.

Ceci dit, le droit à la différence et à la diversité ne me semblent pas opposables à la citoyenneté et aux droits et devoirs que celle-ci implique. Il n’existe aucune définition de ce qu’être français implique, hormis le cadre légal. La reconnaissance des différences de chacun permet de tirer partie des richesses respectives, ce qui est impossible si l’on attend des gens qu’ils se comportent comme des reflets d’un verbe imposé ou qu’ils se conforment à un modèle fixé, ce qui n’est pas réaliste, car il n’a jamais été défini officiellement. Le droit à la différence et à la diversité est inclus dans la constitution.

Vivre en France implique le respect de sa législation, de sa constitution. Dans la mesure où les droits des citoyens ne sont pas inhérents à leur culture, mais à leur citoyenneté, cette constitution me parait tout à fait en mesure d’intégrer les différences des citoyens, d’où qu’ils viennent. Le respect de la constitution française n’est pas opposable au respect de l’individualité des citoyens. Il l’intègre complètement.

Et d’autres :
L’exclusion est-elle un fait culturel ou racial, une représentation, ou la conséquence d’un déficit d’intégration par le travail et les pannes de l’ascenseur social ?

Il me semble qu’elle peut être une conséquence de tous ces facteurs. Toutefois j’observe que certains groupes culturels n’ont aucune difficulté à s’intégrer, je pense aux Portugais, tandis que pour d’autres, cela est plus problématique. Dans le cas des Portugais entre le fait que beaucoup étaient des professionnels du bâtiment, ce qui leur donnait une certaine indépendance à l’égard du marché de l’emploi, tout comme les Italiens immigrés en Belgique : en regroupant leurs compétences respectives, ils peuvent acheter des biens immobiliers, les retaper ensemble et les revendre avec bénéfice en se partageant celui-ci. Bien évidemment tous les groupes sont potentiellement en mesure de faire cela, mais une telle organisation implique d’y être familiarisé, il nécessite des connaissances et une pratique professionnelle, une bonne entente et l’aptitude à travailler en complémentarité.

La transgression est-elle socialisante ?

De quelle transgression parlez-vous ? A partir de quel interdit ? Je crois qu’il importe ici de se référer aux faits réels : il y a des degrés dans les transgressions : fumer une cigarette dans les toilettes n’est pas la même chose que brûler une voiture. Les conséquences ne sont pas du tout les mêmes.
Tout dépend également de la nature des interdits : certains interdits sont basés sur une nuisance réelle : « Ne joue pas avec les allumettes, tu vas te brûler », et d’autres interdisent des choses qui ne sont pas nuisibles, comme l’interdit de l’auto-érotisme. Le respect d’interdits fondés sur une nuisance réelle est socialisant et structurant dans la mesure où ceux-ci protègent de ces nuisances. Alors que les interdits basés sur la notion de crime sans victime sont pernicieux, dans la mesure où est alors interdit ce qui ne nuit pas, et permis ce qui nuit. Se produit ainsi une inversion des valeurs, effectivement nuisible pour tout le monde. Les interdits non fondés n’ont pas lieu d’être dans le cadre de notre modèle constitutionnel, ils nous enferment dans des problématiques de culpabilité.

Il est ici important de prendre ce facteur en compte : ce qui fonde entre autres l’ « entité » d’une nation, ce que Jung appelle son « inconscient collectif », qui structure les comportements de groupe en son sein sont également les événements qui ont jalonné son histoire, et sont à l’origine des problématiques qui l’enferment et qui conditionnent les comportements des citoyens. Ces problématiques agissent également à un niveau génétique, les réactions de peur générées par certains événements sont transmises de génération en génération, et tant que nous n’avons pas compris leur origine, nous en restons prisonniers mentalement.
La compréhension des problématiques permet de les résoudre, mais cela implique un retour sur l’histoire du pays et l’analyse des événements à l’origine des « nœuds » historiques. Une telle démarche pourrait se révéler efficace par rapport à la sinistrose qui empoisonne mentalement ce pays actuellement.

La transgression peut-elle participer d’une société nouvelle et laquelle ?

Encore ici de quelle transgression parlons-nous ? Je suppose que si je regarde l’évolution des dernières décennies, la transgression à la législation sur les drogues a entraîné des changements au niveau de la société, dans la mesure où la consommation du cannabis s’est étendue largement. Toutefois le phénomène est mondial, et il n’a pas les mêmes conséquences pour les citoyens selon que ceux-ci habitent en France, où ils sont susceptibles d’être condamnés pour cela, ou en Hollande, ou la loi l’autorise.

Les conséquences de nos actes sont-elles toujours appréhendées selon les principes de causalité et de non contradiction ?

??????????????? Qu’entendez-vous par là ? Si je regarde autour de moi, je constate que les conséquences des actes sont généralement moins prises en compte que les interdits moraux fondés sur des critères de « bien » et de « mal » sans rapport avec les conséquences des actes au niveau des faits. La conséquence en est la culpabilisation des individus et la recherche de boucs émissaires. Cette incapacité de se confronter aux conséquences des actes engendre l’irresponsabilité. Nous nous concevons comme « coupables », et agissons de façon irresponsable. Seule la confrontation aux conséquences des actes peut engendrer une prise de conscience permettant aux gens de décider d’inverser les comportements

La question n’est pas alors tant de punir celui qui commet un acte nuisible que de lui faire prendre conscience des conséquences pour lui-même et les autres ce qu’il fait réellement. A partir de là, il décide généralement de modifier son comportement, non pas par respect de l’autorité, ni sur la pression du regard des autres, mais par cohérence et respect envers lui-même.

Les communautarismes et les replis identitaires sont-ils une chance ou un danger pour les Français, la France et son identité ?

Il me semble que la question des communautarismes nécessite une mise au point avec les gens qui viennent vivre dans notre pays : leur choix implique le désir d’apprendre à connaître le pays, sa langue, ses habitants, ses coutumes, sa législation, etc… Venir habiter quelque part et se couper du pays ne me paraît pas réaliste ni cohérent. Il n’est pas cohérent de venir vivre en France et de s’attendre à vivre comme dans une théocratie , tout comme il ne serait pas cohérent de ma part d’aller vivre en Arabie Saoudite et d’exiger de me promener en minijupe ou de m’attendre à y pratiquer le naturisme. Si je veux mettre une mini-jupe ou faire du naturisme, je reste en France. Si je veux vivre comme dans une théocratie, je vais vivre dans un régime religieux. Mais je ne vais pas vivre dans un Etat laïc en me comportant comme dans un Etat religieux et réciproquement.

L’immigration subie ou voulue est-elle une chance ou un danger pour la France et les Français ?

Si les Français ressentent l’arrivée d’immigrants comme un danger, que les arrivants considèrent leur intégration dans le pays comme dangereuse pour leur identité, et que les groupes structurent leurs relations sur des peurs et des oppositions, le résultat risque d’être très décevant et destructeur pour tout le monde.
Parallèlement, si les arrivants sont heureux de venir et respectueux des modes de vie du pays d’accueil, les autochtones ne se posent pas la question de leur dangerosité : les Portugais n’ont jamais été ressentis comme dangereux par quiconque.
Il y a également ici le contexte politique international contemporain, qui n’existait pas il y a par exemple trente ans : en 1970, il était possible d’aller en Orient par la route en ne traversant que des pays en paix. L’islamisme n’existait pas, il n’y avait pas de guerre en Afghanistan ni en Irak, pas de terrorisme de masse, etc.

Les jeunes que l’on voit incendier les voitures sont Français en droit, mais leur naturalisation sociale s’est-elle faite ?

Les gens qui incendient des voitures ne sont pas tous d’origine étrangère. A d’autres époques des gens ont envoyé des cocktails molotov et se sont livrés à des actes de pillage et de destruction. Aujourd’hui encore, voir le comportement actuel de certains supporters des match de foot , les hooligans, sans rapport avec les problèmes d’immigration.
La question me semble plus de savoir ce qui pousse un jeune à aller incendier une voiture : si je me réfère à mon expérience des manifestations de l’après soixante huit, il y a le fait que quand on est mineur, on agi impulsivement, on a une énergie monumentale qu’on n’arrive pas à canaliser et on ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Les manifestations et affrontements avec les forces de l’ordre représentent une sorte de jeu, tout comme on jouait aux cow boys étant enfant. Il y a lors des affrontements un déchaînement d’énergie collective, dans le cadre duquel les individus peuvent commettre impulsivement, entraînés par d’autres, des actes qu’ils ne feraient pas individuellement hors de ce contexte.
La question que je me pose alors est « Le rôle des forces de l’ordre consiste t-il à servir d’exutoire aux tensions et aux débordements d’énergie des adolescents ? » N’y aurait-il pas d’autres stratégies plus efficaces, dans le cadre même des forces de l’ordre, qui permettraient de déboulonner d’emblée ce genre de débordement et d’éviter de rentrer dans ce jeu ?
Je me pose également la question du rôle de programmes de télévision qui diffusent sans arrêt des images violentes. Est-il cohérent de bombarder sans arrêt des jeunes avec ces images et de s’ offusquer quand ils les reproduisent ?
Et également celle du rôle du postulat qui sévit depuis des décennies, qui accrédite l’idée fausse d’une opposition entre un peuple et ses propres forces ? Cette opposition m’apparaît dénuée de sens et de fondement : elle génère un conflit qui n’a pas lieu d’être, pervertit le regard des citoyens sur la policei, conditionne négativement leur comportement à son égard et les maintient mentalement dans un rapport de force qu’ils ne sont de toutes façons pas en mesure de remporter sur un plan purement stratégique, les forces de l’ordre ayant généralement les moyens de leurs ambitions.

Pour quelles raisons la machine à intégrer s’est-elle enrayée ? La porte du travail étant verrouillée, est–il encore possible de pratiquer ou de subir une immigration de peuplement ?

La question du verrouillage de la porte du travail, et du taux de chômage me pose question : une partie de celui-ci est créée artificiellement par des entreprises qui trouvent plus économique de faire faire le travail de trois personnes à une seule, et en licencient deux. Cette évolution de l’économie, qui n’existait pas il y a 30 ans, engendre un chômage factice qui pourrait être facilement résorbé si les embauches étaient proportionnelles à la somme de travail que peut accomplir un individu. Ce n’est pas une question de fatalité, mais de choix, et pas seulement de la part des gouvernants, mais des acteurs au sein des entreprises, de la politique des directeurs d’établissements.

De même que les emplois pourraient être structurés en fonction de ce que les gens savent faire réellement et aiment faire, et de ce qu’ils font bien, plutôt que de diplômes.
Prenez un groupe de gens sans emploi ; demandez-leur individuellement ce qu’ils sont capables de faire réellement pour remplir les fonctions du groupe humain dans lequel ils vivent, rassemblez le tout, et voyez avec ceux qui sont volontaires comment ils peuvent s’organiser pour résoudre collectivement leur situation en tirant partie de l’ensemble de leurs ressources humaines, de leurs moyens respectifs et de ceux du milieu. Je parie qu’ensuite on y verra plus clair.

Je pense réellement que la porte du travail pourrait pour une grande part être déverrouillée dans le cadre d’une volonté, d’une stratégie, et d’actions communes des différents acteurs au niveau de la nation, afin de les amener à agir dans le même sens. Cela demande de choisir un cadre qui puisse inclure tout le monde, qui repose sur l’inclusion de tous les éléments dans le même ensemble.

Peut on espérer la victoire des forces s’opposant au nihilisme majoritaire dans la nébuleuse de l’immigration ?

La « nébuleuse de l’immigration » ne me parait pas avoir le monopole du nihilisme : voir celle des théoriciens du chaos, qui n’ont rien à voir avec celle-ci et dont je constate chaque jour la réalité.

et la reconquête de l’estime de soi par la reconnaissance de l’utilité sociale de ces immigrés et de leurs enfants ?

La reconnaissance me semble jouer un grand rôle : voir le nombre de jeunes qui se sont inscrits sur les listes électorales, ce qui démontre leur volonté de jouer le jeu.

Que faut-il placer au premier plan, le rattrapage culturel ou le rattrapage socialisant et éducatif ?

Il me semble qu’il n’est pas possible de dissocier ces niveaux : ils vont ensemble. Ils peuvent être mis en place ensemble, à travers la diffusion de connaissance de base nécessaire à une vie sociale harmonieuse d’une part, et la création de lieux d’accès à la culture pour tous d’autre part.

En matière de médiation sociale, doit-on demander à la religion de participer au règlement de la vie dans la cité ?

Si je regarde des exemples dans le passé, je constate que des gens comme l’abbé Pierre ou sœur Emmanuelle ont participé au règlement de la vie dans la cité, avec des résultats qui semblent considérés comme positifs par une majorité de gens. Donc j’en déduis que les religieux peuvent le faire s’ils le souhaitent. Toutefois ils n’ont jamais agi en opposition avec d’autres religions (sœur Emmanuelle dans les bidonville du Caire), et attribuaient plus d’importance à la valeur des gens dont ils s’occupaient qu’à leur appartenance religieuse. Ils n’exigeaient rien de la part des autorités, se contentant de mettre en place des structures répondant aux besoins humains. Je suppose qu’en tant que citoyens, les religieux, comme les laïcs peuvent participer à la résolution des problèmes au sein des cités dans lesquels ils vivent, à partir du moment où ils se situent dans le cadre de la constitution, mais il ne me parait pas souhaitable qu’ils structurent la vie de la cité sur une religion donnée, ce qui n’est pas compatible avec la nature de l’état laïc et républicain d’une part, et d’autre part parce qu’une telle attitude pourrait entraîner des oppositions et des conflits avec les autres religions : la vie de la cité deviendrait alors un terrain d’affrontement entre religieux dogmatiques de différentes obédiences et otage de celle-ci.
Mon point de vue personnel ici est que des religions qui ont à la base le même Dieu, les mêmes commandements et les mêmes prophètes ne sont pas opposables, et que les conflits qui les opposent n’ont pas lieu d’être sur les bases mêmes de ces religions.

Un recadrage politique est-il aujourd’hui possible au plan de la sécurité, de l’économie, du social, de l’égalité des chances ?

Je ne sais pas s’il est possible de répondre à cette question. Toutefois la seule chose censée consiste à agir dans ces sens : si nous essayons de le faire, nous avons des chances d’y parvenir, tandis que si nous partons du postulat que cela est impossible et n’essayons pas, nous n’y parviendront pas.

La « crise » et la cause des violences urbaines se réduisent-elles à la dépression économique et sociale ?

Est-il encore possible de trouver des valeurs, des repères et des normes communément acceptées, qui puissent structurer notre vie collective ?

Oui, notre modèle républicain. Si nous l’appliquons. Or nous ne l’appliquons pas, et disons ensuite qu’il ne marche pas. Mais pour qu’il marche, il faudrait commencer par le traduire dans les faits à tous les niveaux : au niveau législatif, institutionnel, relationnel, administratif, etc. Il peut parfaitement servir à restructurer la vie économique, dont les règles actuelles sont complètement antinomiques avec ce modèle et inconstitutionnelles.

Comment redonner un contenu à notre vouloir vivre ensemble ?

En élaborant des projets d’actions non politiciennes rassemblant les citoyens des différents courants et groupes dans des objectifs bénéfiques pour tous. Construire ensemble sur la base d’objectifs pratiques humains, réalisables à peu de frais et ne nécessitant pas de structure lourde.

Sommes nous prêts à consentir de nouveaux efforts pour la « remise à niveau » de nos cités et de nos concitoyens en difficulté ?

Qu’entendez-vous par « de nouveaux efforts » ? Il y a des possibilités d’actions qui ne nécessitent pas d’argent, pas de textes de lois, pas de votes, qui peuvent être mis en place par les gens eux-mêmes. Il ne me parait pas responsable de tout attendre des politiques en se dédouanant des responsabilités qu’implique la citoyenneté: ce dont nous avons besoin, il me semble, est d’une coopération entre ceux-ci et le peuple qu’ils représentent, et de l’utilisation de leurs moyens respectifs, ce qui coûterait bien moins cher que d’élaborer des projets d’en haut en privilégiant le niveau budgétaire.

Accepterons nous les règles de mixité sociale, en particulier en matière de scolarisation, de logement et d’urbanisme ?

Il n’y a pas ici que la question de la volonté des politiques et des Français. Il y a aussi de la part des immigrés une question de choix : indépendamment des politiques de la ville et des grands ensembles qui ont engendré des ghettos, le fait est que personne n’est obligé d’y rester avec un fusil sur la tempe s’il ne s’y sent pas bien. Nous vivons dans un pays où 90 % de la population vit sur 10 % du territoire. Il y a donc 90 % du territoire qui est inoccupé.
Certains me diront qu’il est plus facile de trouver du travail dans une grande ville. Toutefois, dans la mesure où un fort pourcentage des gens vivant dans les cités sont sans emploi, tant qu’à être sans emploi, il est plus facile de vivre à la campagne qu’à la ville, la vie y étant moins chère, et de meilleure qualité.

Une politique d’immigration sans contrôle n’a-t-elle pas pour conséquence de saturer les politiques d’intégration ?

Elle peut aboutir, comme au Royaume Uni, à la fuite des citoyens du pays d’origine vers des pays alentour plus vivables : ainsi le nombre d’Anglais qui viennent s’installer en France depuis quelques années, des retraités, mais aussi des gens ne trouvant pas de travail chez eux, qui peuvent bénéficier ici des avantages sociaux. L’aspect pervers de l’immigration anglaise est la manipulation du marché de l’immobilier par des spéculateurs qui vendent aux arrivants des biens à un prix deux fois supérieur au prix du marché français, et qui à terme, font exploser ce marché. Monsieur Blair nous donne des leçons d’économie en faisant apparaître celle qu’il impulse comme meilleure que la nôtre, nous serions en droit en retour de lui présenter la facture que nous occasionne l’arrivée de ses ressortissants et d’en demander le remboursement avant de prendre son bilan pour argent comptant.

Les vagues d’immigration familiales se transforment-elles en immigration d’ayants droits (allocations familiales, RMI, AME) ?

Oui automatiquement pour les citoyens de l’espace européen. Pour les autres, l’obtention de ces droits est plus difficile. Toutefois le problème des aides n’est pas seulement celui de l’immigration : la plupart des gens qui en bénéficient sont Français, même si leur pourcentage est moins important que celui des immigrés : imaginons que demain les immigrés sans emploi retournent tous chez eux : cela ne signifie pas du tout que les Français auraient tous du travail pour autant. Les règles de l’économie n’en seraient pas changées, il n’y aurait pas moins de précarité : simplement il y aurait davantage d’exclus parmi les Français de souche. Il faut en finir avec le cliché de l’immigré pauvre et du Français riche : beaucoup de Français vivent dans des conditions économiques aussi difficiles que les immigrés, aussi les réactions de ressentiment que ces derniers peuvent nourrir à l’égard des descendants des Gaulois dans ce domaine n’ont pas lieu d’être. Leurs pays d’origine ne sont pas mieux lotis. Economiquement, nous sommes tous dans le même panier. Ce n’est pas ici au niveau des gens qu’il convient d’agir, mais des règles génératrices d’exclusion, qui ont pour conséquence l’appauvrissement et le pillage du pays tout entier.

Le contrat d’intégration et la formation linguistique des étrangers est-il en vigueur et s’il l’est combien de ceux-ci l’ont suivi ?

La formation linguistique me parait être indispensable. La Suède pratiquait il y a quelques années une politique d’immigration incluant l’apprentissage obligatoire de la langue, des droits et des devoirs, et l’obligation de se former professionnellement. La nationalisation s’accompagnait d’une cérémonie à la mairie où le maire accueillant le nouvel arrivant avec un apéritif, lui remettait un dossier contenant les bases de son arrivée dans le pays, l’énoncé de ses droits et devoirs, et lui souhaitait la bienvenue ; dans un tel contexte, l’immigration n’est pas vécue comme un parcours du combattant, l’arrivant n’a pas à lutter pour vivre dans le pays puisque lui sont fournis d’emblée les moyens de vivre, il est accueilli comme un hôte, ce qui l’incite à se comporter comme tel.

Les étrangers et leurs enfants de première ou de deuxième génération souhaitent-ils véritablement l’intégration ou un développement séparé ?

Tout dépend des individus. Il n’existe aucun groupe qui serait représentatif de l’ensemble des immigrés dans leur ensemble. Toutefois j’ai observé en Belgique que le fait d’immigrer dans un pays développe parallèlement le sentiment d’appartenance à son pays d’origine, et peut développer le nationalisme, l’attachement aux traditions, etc, qui maintiennent alors les immigrants dans un modèle statique qui n’existe plus en réalité dans leur pays d’origine. Ainsi l’étonnement des jeunes Siciliennes quand elles allaient en vacances en Sicile, et constatait qu’il y régnait une liberté bien plus grande que celle dont elles jouissaient dans leur propre famille, qui les avaient élevées selon les critères valables à l’époque où leurs parents avaient quitté l’île, mais n’avaient plus cours sur celle-ci deux générations plus tard.

Pour quelles raisons trop de jeunes, nés en France, titulaires d’une carte d’identité nationale se sentent étrangers à notre pays ?

Le mieux pour le savoir serait encore de le leur demander. Il serait intéressant d’avoir un forum où avoir de tels échanges entre les acteurs à différents niveaux.

Faut-il encore et toujours opposer les tenants de la prévention aux tenants de l’ordre public ?

Non, bien sur. Les deux sont complémentaires et indispensables.

La « politique de la ville » a t-elle vraiment les moyens de changer la société ?

Tout dépend qui l’impulse, et qui peut et veut y participer.

Supposons le problème de l’immigration résolue que faut-il faire ensuite ?

??????????? Vivre ensemble entre gens de bonne compagnie, je suppose. 🙂

Dans le cas ou l’on puisse reprendre l’ouvrage de l’intégration, par quel bout commencer : fermeté, prévention, éducation, socialisation, formation, emploi, habitat ?

Très franchement, si nous utilisions vraiment les moyens technologiques dont nous disposons aujourd’hui (internet, les média, les supports audio-visuels), il serait possible de donner aux gens des moyens d’acquérir à peu de frais éducation et formations. Je pense à la télévision scolaire qui existait il y a plusieurs décennies; je pense à la possibilité de cours sur internet, à leur enregistrement sur CD rom qui pourraient être réalisés par les enseignants, et vendus ensuite à peu de frais, etc.

Dans le domaine de l’emploi, des facilités aux créateurs d’entreprises seraient les bienvenues : il existe des conseils auxquels ils ont droit à travers l’ANPE, mais par un système pervers, elle enrichissent davantage les formateurs que les créateurs d’entreprises eux-mêmes. Ces formateurs n’ont pas à répondre du contenu de leurs interventions et ne sont pas tenus à des résultats, ils ne sont pas partie prenante dans la future entreprise, qui n’est pas leur aventure, et il arrive que la qualité de leur travail ne soit pas à la hauteur du montant des honoraires que leur verse l’Etat.

L’habitat ? Avant d’engloutir des sommes énormes dans la construction de logements sociaux, il est possible d’utiliser les maisons vides dans les villages, d’occuper les territoires désertifiés et d’encourager d’autres modes de construction moins chers, en formant des gens sans emploi, et en encourageant les gens à mettre la main à la pâte : être sans emploi implique qu’on a du temps ; plutôt que de se lamenter sur son sort sans lever le petit doigt en appelant au matin du grand soir, il est possible d’envisager une région où on aimerait habiter, de construire des habitations avec d’autres, et d’élaborer ensemble un mode de vie adapté aux besoins.
Cela n’est pas une question de décision politique, ni de crédits, ni de lois, ni de rien de tout cela. Cela demande des gens sans emploi qu’ils sortent de leur léthargie, et de la part des pouvoirs publics, une prise de conscience de l’étendue des possibilités réelles des individus et du milieu, et la volonté de travailler en complémentarité avec les citoyens. Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de changement d’attitude mentale des uns et des autres.

Très franchement, la situation m’apparaît objectivement plus favorable que l’image qui en est diffusée dans les média. L’issue ne dépend pas de la situation elle-même, de faits qui ne dépendraient pas de nous et devant lesquels nous serions impuissants, elle dépend d’un changement d’attitude mentale à l’échelle de la nation.

L’exemplarité de nos élites et la justice sociale sont-elles suffisamment établies auprès de l’opinion publique pour que les citoyens fassent confiance à un projet de société, encore largement à élaborer, et dont ils ont tout lieu de penser qu’ils en seront, sinon les bénéficiaires, du moins les seuls payeurs ainsi que leurs enfants ?

Et si, au lieu de se voir sempiternellement imposer des projets d’en haut pour lesquels ils devraient payer, ils avaient la possibilité de participer à leur élaboration, en utilisant non pas tant de l’argent que de l’énergie, du temps et de la matière grise ? Il n’est pas possible de décider à la place de quelqu’un d’autre et au dessus de lui, en fonction de critères abstraits sans lien avec les faits, aussi est-il parfaitement irréaliste de le faire ni d’attendre que des politiques y parviennent. Cela ne peut pas marcher.

Les expériences culturelles et éducatives excluant toute forme d’autorité et de contraintes ont semble-t–il vécu.

Tout dépend de celles dont vous parlez. J’anime personnellement un réseau littéraire et artistique dans lequel je n’exerce pas au départ d’autorité proprement dite, et dans le cadre duquel il n’y a pas de contrainte au départ, si ce n’est des bases de relations simples basées sur la complémentarité et la non-compétitivité, et qui marche parfaitement. Toutefois il implique le respect de règles de comportement, auxquelles les membres agréent, ne nécessite pas de manipulation d’argent, ce qui facilite les choses sur le plan pratique. Il me semble également important, pour y parvenir, de remplacer les hiérarchies de dominance par des hiérarchies de compétences. Ceci dit, il s’agit d’un réseau n’ayant aucun objectif à atteindre si ce n’est de répondre aux attentes de ses membres. Nous n’avons pas d’obligation à respecter. Mais il est réellement possible d’y parvenir.

Faut-il pour autant renoncer à l’éducation, la régulation des conduites, la socialisation, la formation et à la promotion de nos valeurs sociétales au bénéfice de la seule répression ?

Non, cela ne marche pas. Ce n’est pas en « dressant » les gens que les choses s’arrangeront : les humains ne sont pas des chiens et ne fonctionnent pas de la même façon. Je crois beaucoup plus à la responsabilisation de chacun, qui repose sur la reconnaissance et le développement des potentialités des individus, et à la mobilisation des énergies sur des objectifs pratiques : créer ensemble en tirant partie des aptitudes individuelles. Et à, la traduction dans les faits des bases de notre modèle démocratique.

Le laxisme apparaît comme un encouragement à passer à l’acte avec le sentiment de l’impunité. Le temps n’est-il pas venu pour notre démocratie de rappeler la force du droit et le sens des devoirs ?

Absolument. Il me semble important de mettre des limites quand c’est nécessaire.

L’immigration arabo-africaine entend t-elle conserver ses spécificités culturelles et religieuses, ses normes sociales et ainsi élaborer et consolider des « ghétos » identitaires ?

Je ne pense pas que tous les gens venant d’Afrique ou des pays arabes puissent être considérés comme une entité, ni que leurs façons de vivre ou de se comporter puissent être définie de façon générale. Dans la région où j’habite, les rares personnes venant des pays arabes sont pour la plupart des médecins hospitaliers, des gens éduqués, qui accomplissent une charge de travail considérable, ne font partie d’aucun ghetto, et dont la fonction est indispensable si l’on raisonne sur la base de l’ utilité publique : si demain ils cessaient de travailler dans les hôpitaux, ceux-ci ne pourraient plus fonctionner, et la population n’aurait plus les moyens d’être soignée à l’hôpital. Le phénomène des ghettos communautaires est un phénomène urbain, limité aux grandes concentrations de populations. Ailleurs il est absent.

Pour peu qu’ils en aient la volonté, les jeunes n’ont-ils pas le choix entre leur insertion dans la société et un monde de délinquance, de marginalisation et de guérilla urbaine de groupe communautarisés ?

Bien sur qu’ils ont le choix. Et pas seulement entre ces deux alternatives opposées, mais entre un ensemble de possibilités bien plus étendues : ils peuvent effectivement
1. s’insérer dans la société
a) avec les moyens que celle-ci met à leur disposition
b) avec d’autres moyens qui existent et ne sont pas pris en compte actuellement, en tirant partie des capacités et des moyens réels dont ils disposent, qui sont plus étendus que ceux qu’ils utilisent effectivement,

2. devenir délinquants, mais cela ne présente pas d’ intérêt,

mais ils peuvent également :

3. Retourner vivre dans leur pays d’origine ou dans tout autre pays de leur choix, sur d’autres continents que l’Europe,

4. Prendre du recul par rapport à leur situation en voyageant, en France mais également dans d’autres pays,

5. Aller travailler dans d’autres pays que la France,

6. Etc.

Si le droit de vote des immigrés résidants depuis 10 ans en France était accordé, les jeunes Français des banlieues voteraient-ils pour des Français ?

Ils voteraient automatiquement pour des Français dans la mesure où il faut avoir la nationalité française pour se présenter à des élections en France.

Au lieu de mettre nos jeunes délinquants en prison, d’où ils ressortent plus radicaux et marginaux que jamais, ne devrions nous pas leur imposer un service public national d’où ils reviendraient grandis pour être des citoyens responsables ?

Pour moi, l’idée d’un service public national est une bonne idée. Pas seulement comme alternative à la prison, ni limitée aux jeunes issus de l’immigration, mais comme une possibilité offerte à tous les jeunes, en raison des lacunes en matière d’éducation.
Pour ce qui est de l’imposer, je ne sais pas si c’est la meilleure solution : voyez le service militaire : quand il était obligatoire, la plupart des jeunes voulaient y échapper. Maintenant qu’il n’existe plus, beaucoup souhaiteraient le faire. Donc plutôt que de l’imposer, donner les moyens de le faire aux jeunes qui le souhaitent. La base du volontariat est toujours plus payante que celle de la contrainte au niveau des résultats : les gens sont motivés, et ils font de leur mieux.
Pour les gens qui sont condamnés à de la prison, le minimum serait de faire en sorte d’assainir les conditions de détentions, afin d’arrêter le processus qui rend le remède souvent pire que le mal. Et d’utiliser ce temps où ils sont coupés de la vie sociale pour leur donner des moyens de repartir, à leur sortie, sur de nouvelles bases (formations, psychothérapies, etc.).
Toutefois, pour les gens qui ne veulent absolument pas se conformer aux lois du pays ni au contrat social, il me semble qu’il devrait être possible de refuser leur présence sur le territoire (et je ne parle pas ici seulement pour les immigrés). C’est une question de choix de vie et de respect de la démocratie : « Ici le contrat est le suivant, si vous n’en voulez pas, vous êtes libres d’aller vivre dans un pays qui en applique un autre », ce qui est possible en raison de la liberté de circulation actuelle et du nombre de pays sur la planète. Plutôt que de renvoyer plusieurs fois des gens en prison, il pourrait être possible de les interdire de séjour pendant un temps donné. Leur donner les moyens de repartir sur de nouvelles bases s’ils désirent rester, sinon leur dire d’aller voir ailleurs, où bon leur semble, pendant un certain temps.

Peut on lutter contre la violence dont les principales victimes sont les pauvres, les femmes et les immigrés ou les personnes issues de l’immigration, sinon par un équilibre nécessaire entre la prévention et la répression ?

Bien évidemment, l’équilibre entre prévention et répression est souhaitable.
Lutter contre la violence implique de prendre en compte les différentes sources de celle-ci : la violence économique qui sévit actuellement sur toute la planète mériterait également qu’on lui mettre des limites. Nos dirigeants n’en sont pas à l’origine, pas plus que nous. Cette violence n’est pas compatible avec notre modèle de démocratie républicaine. Nous pourrions alors nous entendre entre dirigeants et dirigés pour y mettre bon ordre. 🙂

Peut on faire cesser l’immigration massive autrement qu’en aidant les peuples à construire un avenir meilleur où ils se trouvent ?

Une telle aide passe par un changement des relations entre pays riches et pauvres, et implique que les premiers renoncent à piller les seconds. Mais là encore, les règles économiques actuelles n’ont pas été impulsées par notre pays, et ne sont pas compatibles avec celles de notre constitution. Lesquelles voulons-nous véritablement privilégier ? Il me semble tout à fait possible d’élaborer avec leurs pays d’où sont issus les immigrés de nouvelles règles permettant de les enrichir et de nous enrichir par la même occasion : gagner de l’argent n’implique pas nécessairement de le prendre à quelqu’un d’autre, il est possible de le faire en enrichissant les partenaires plutôt qu’en les appauvrissant, et de s’enrichir en même temps, ce qui est de l’intérêt de tout le monde. Plutôt que de jouer un jeu dont les règles séparent les joueurs en gagnants et en perdants, il est possible de jouer un autre jeu dans lequel nous décidons que tous les joueurs sont gagnants. Cela dépend de nous.

en faisant, s’il le faut, acte d’ingérence humanitaire pour éviter la corruption et le détournement des aides au profit d’élites corrompues ?

Peut être y a-t-il d’autres moyens : laisser s’instaurer des relations économiques libres entre les professionnels de différents pays. Changer les bases de la distribution des aides : plutôt que de les donner à des élites, il serait plus efficace de la distribuer directement aux gens qui en ont besoin.

Peut on refuser plus longtemps de voir que la solution à nos problèmes sociaux est avant tout une économie plus libre,

Une économie plus libre ? Oui, certainement. et l’institution de règles d’échange non truquées.

qui peut donner plus de croissance et plus d’emploi, mais aussi que la croissance a une limite, celle de la démographie des peuples en développement.
Comme il ne sera jamais possible d’accueillir et de nourrir tous les enfants du monde, ne faut-il pas également mettre un frein à l’explosion démographique ?

Pour ne parler que de l’espace national, l’ensemble des citoyens aurait intérêt à donner aux nouveaux arrivants les moyens de participer à l’activité économique du pays au lieu de les en exclure, ne serait-ce que pour pouvoir payer les retraites des générations qui viennent. Il me paraît incohérent de se plaindre que le pays n’a pas assez de travailleurs pour payer les retraites de demain et d’exclure parallèlement du marché du travail les gens qui peuvent y participer, tout en pillant littéralement l’ensemble des salariés, comme cela a lieu actuellement. Les immigrés n’ont pas le monopole de la précarité, celle-ci touche tout le monde, et s’exerce au détriment de l’économie de toute la nation.

En attendant, doit-on ?
Eradiquer les bandes de voyous dans les quartiers ?

Eradiquer les bandes de voyous demande de prendre à bras le corps le problème des marchés parallèles et des secteurs d’économie mafieuse. Sans quoi le voyou que vous enlevez de la rue est remplacé par un autre dès le lendemain, puisque la structure qui génère son existence n’a pas bougé, et c’est une chaîne sans fin. Ce n’est pas seulement au niveau de la rue que cela se joue, mais également de la politique étrangère. A l’intérieur du pays, cela demande des mesures qui rendraient les trafics impossibles en privant les vendeurs de fonction. Point ne serait besoin alors de les arrêter : ils seraient contraints de se recycler.

Développer l’emploi d’utilité publique ?

Si, au lieu de structurer le monde de l’emploi en fonction de critères sans liens avec la vie des gens , il était organisé en fonction des besoins humains ? Est-il cohérent que les secteurs qui sont indispensables sur le plan humain (santé, éducation, sécurité) soient dévalués, alors que d’autres, non indispensables, jouissent d’effectifs pléthoriques (administration) ?Peut-être y aurait-il déjà un réajustement à faire à ce niveau.

Doper le logement social ?
Francis NERI
Président de l’Institut Européen de Socialisation et d’Education
Strasbourg le 22 Décembre 2005

Favoriser l’installation des gens dans les zones peu peuplées, en tirant partie des ressources immobilières qui s’y trouvent est également une autre possibilité : quel est l’intérêt de villages qui se dépeuplent, où les logements vident augmentent ? Une répartition de la population plus équilibrée permettrait déjà de diminuer la pression qui existe actuellement dans les citées surpeuplées, sans investir dans des logements sociaux qui risquent à long terme d’aboutir aux mêmes effets dans la mesure où ces logements regroupent des gens de conditions précaires.

Isabelle BAUDRON-AUBERT
Membre de l’Institute of General Semantics,
Traductrice en sémantique générale.
19 janvier 2006.

Blog du non-A : Réponses aux questions posées par Franbcis Néri

25.01.2006

Réponse aux questions posées par Francis Néri

dans sa note du 26/12/05 "Discrimination et ségrégation" :

Quelques questions que je me pose et auxquelles je vous invite à répondre !

Bonjour Monsieur Néri,
Je vais tenter de partager avec vous les réflexions que certaines m’inspirent, sans pouvoir néanmoins répondre à toutes, ce qui me paraît impossible en raison de leur nombre. Mais les questions que vous posez ici me semblent primordiales et m’ont donné envie de partager avec vous mes réflexions à leur sujet.

Trois qui me sont essentielles :
La religion est-elle au cœur d’une identité à construire ?

De quelle construction d’identité parlez-vous ? Si c’est en termes de sémantique générale qu’il est question d’aborder les problèmes ici, cette formulation ne me semble pas correspondre à cette discipline : le concept d’identité est inhérent à la logique d’Aristote, dont il constitue le premier principe. La sémantique générale le rejette catégoriquement. Voir à ce sujet la deuxième conférence de Korzybski à Olivet College à http://semantiquegenerale.free.fr/Articles/Olivet2.html

Si je comprends bien votre question, corrigez-moi si je me trompe, elle signifie : « Est-il nécessaire de s’identifier à une religion pour construire l’image de soi-même ? » Et le fait est que certaines personnes se définissent avant tout en fonction de leur religion et privilégient les critères d’évaluation religieux à tout autre.

Il me semble ici que la sémantique générale peut nous aider à avancer dans la mesure où elle peut nous amener à faire la différence entre les différents niveaux d’abstraction :
a) Niveau des religions et niveau des gens qui les représentent
b) Niveau des religions et niveau des textes sacrés
c) Niveau des religions et niveau des discours
d) Niveau des religions et de la spiritualité
et ainsi prendre du recul par rapport à des dogmes d’origine humaine, sans lien avec l’origine des religions, et parfois élaborés dans des contextes historiques sans rapport avec le monde dans lequel nous vivons actuellement.

Au-delà des différences religieuses, les concepts d’Etat laïc et de séparation de l’Eglise et de l’Etat permettent d’englober chaque croyance à partir du moment où elle ne nuit à personne et respecte la constitution. C’est pourquoi dans notre pays le niveau religieux n’est pas opposable au niveau constitutionnel, ce dernier l’intégrant.
Le niveau religieux engage notre vision de l’homme et du monde. Celle-ci est différente selon qu’on considère que notre vie commence à notre naissance et s’arrête à la mort de notre organisme comme le font les athées, ou selon qu’on considère qu’elle n’est pas limitée à la vie de l’organisme, comme c’est le cas des croyants.
Quoi qu’il en soit, chacun est parfaitement en droit d’adopter pour lui-même la conception qui lui convient, mais pas de l’imposer à quiconque.

Y a t-il une voie entre assimilation et vie séparée ?

Pour être moi même allée travailler à l’étranger, je sais que l’assimilation n’est pas seulement une question de volonté personnelle : il ne me semble pas possible d’être « complètement assimilé », à savoir de se couler dans le moule du pays où l’on arrive en mettant de côté sa culture propre: j’arrive dans un autre pays avec ma propre culture, il m’est impossible de la mettre de côté, elle imprègne mes façons de penser sans même que j’en aie pleinement conscience. Dans mon propre cas, il s’agissait de la Belgique, et j’ai réalisé en côtoyant les Belges que certains mots que nous utilisions les uns et les autres n’avaient pas le même sens : dans le domaine de la philosophie par exemple, le terme n’a pas le même sens en France et en Belgique, en raison des différences du contenu et de la structure de l’enseignement : en Belgique, le but de la philosophie, qui est enseignée dans le cadre de cours de morale, consiste à procurer aux élèves un esprit critique. Ce fait a d’ailleurs engendré un certain nombre de malentendus entre les membres belges et français des listes des cafés philo, qui s’affrontaient sur le contenu de leurs échanges, chacun mettant sous le terme de « philosophie » ce qu’il avait vécu dans son propre pays en le considérant comme « seul vrai », tout en rejetant le contenu du terme dans l’autre pays et sans savoir qu’il s’agissait de deux enseignements différents. Il y avait en réalité la « philosophie 1 » appliquée en France, et la « philosophie 2 » qui a cours en Belgique, qui existent toute les deux, et dont il n’existe aucune autorité au dessus des peuples pour décider qu’une est « meilleure » ou « plus vraie » que l’autre.

Il me faut donc du temps pour prendre conscience des nouveaux concepts du pays dans lequel j’arrive, dont je ne suis pas informée au départ. Cette découverte implique de prendre une certaine distance par rapport à ma culture propre et de me plonger dans celle du pays où j’arrive, afin de pouvoir l’appréhender dans une certaine mesure. Et pour cela, je dois côtoyer les gens du pays, afin d’apprendre à leur contact leur façon de penser et de réagir. Je dois me familiariser avec les expressions et mots nouveaux du français parlé en Wallonie, afin de pouvoir comprendre les gens.
En conséquence, je pense que nous avons un rôle important à jouer dans cette assimilation : il importe de donner aux nouveaux venus des cartes du territoire dans lequel ils arrivent, sans quoi ils ne peuvent s’y orienter correctement. Et cela implique un travail de pédagogie.

En revanche, le choix de vie séparée me pose question : si je vais habiter dans un autre pays en vivant coupée de celui-ci, en le concevant comme antagoniste au mien, quel est l’intérêt d’y venir ? Si je veux vivre comme chez moi, je reste chez moi, mais je ne peux pas aller vivre ailleurs et m’attendre à y vivre comme dans mon pays, ce qui revient à exiger de ce qu’il n’y a pas. Ou plus exactement, je « peux » le faire, mais le résultat sera profondément frustrant pour moi.

Faut-il placer le droit à la différence et à la diversité avant l’identité de la France ?

1. Tout d’abord un mot concernant « l’identité de la France » : il n’existe rien de tel que « la France » qui aurait une identité statique et immuable . Une anecdote amusante sur mon vécu au retour de Belgique : alors qu’en arrivant en Belgique j’avais du me familiariser avec le wallon, j’ai du faire de même à mon retour en France du fait de l’apparition, dans le langage courant chez les gens que je rencontrais, d’expressions qui n’existaient pas à mon départ : « Ca le fait pas », « Noir de chez noir », « du taf », etc…. Déménageant de Belgique en Bourgogne, j’en avais déduit tout d’abord qui s’agissait là d’expressions régionales. Quel ne fut pas mon étonnement en les entendant également utilisées dans les média par un certain nombre de gens : je me suis dit « Il y a quand même beaucoup de Bourguignons dans les média en France. » et la confrontation aux faits a démoli mon hypothèse, en raison de l’étendue de la dispora bourguignonne qui aurait alors immigré à Paris si cette hypothèse avait été exacte, et j’ai réalisé que ces expressions n’étaient pas bourguignonnes, mais qu’elles étaient apparues en France après mon départ 🙂

Le pays dans lequel je revenais fin 2002 n’était plus le même que celui que j’avais quitté en 1999 : le gouvernement était différent, avaient eu lieu un certain nombre d’événements dont je n’avais pas eu connaissance. La France, tout comme nous, est en constante évolution, et n’est jamais identique d’un moment à un autre.
Parallèlement, l’image que j’avais de mon pays en partant de celui-ci s’était modifiée à mon retour, dans la mesure où j’avais confronté les lieux communs et l’auto-dévalorisation nationale à l’image du pays en Belgique et en Hollande, qui se révélait éminemment plus positive. Ainsi ces trois ans hors des frontières m’ont permis de prendre conscience d’aspects de la France dont je ne tenais pas compte auparavant, ce qui m’a permis d’y revenir par choix.

Ceci dit, le droit à la différence et à la diversité ne me semblent pas opposables à la citoyenneté et aux droits et devoirs que celle-ci implique. Il n’existe aucune définition de ce qu’être français implique, hormis le cadre légal. La reconnaissance des différences de chacun permet de tirer partie des richesses respectives, ce qui est impossible si l’on attend des gens qu’ils se comportent comme des reflets d’un verbe imposé ou qu’ils se conforment à un modèle fixé, ce qui n’est pas réaliste, car il n’a jamais été défini officiellement. Le droit à la différence et à la diversité est inclus dans la constitution.

Vivre en France implique le respect de sa législation, de sa constitution. Dans la mesure où les droits des citoyens ne sont pas inhérents à leur culture, mais à leur citoyenneté, cette constitution me parait tout à fait en mesure d’intégrer les différences des citoyens, d’où qu’ils viennent. Le respect de la constitution française n’est pas opposable au respect de l’individualité des citoyens. Il l’intègre complètement.

Et d’autres :
L’exclusion est-elle un fait culturel ou racial, une représentation, ou la conséquence d’un déficit d’intégration par le travail et les pannes de l’ascenseur social ?

Il me semble qu’elle peut être une conséquence de tous ces facteurs. Toutefois j’observe que certains groupes culturels n’ont aucune difficulté à s’intégrer, je pense aux Portugais, tandis que pour d’autres, cela est plus problématique. Dans le cas des Portugais entre le fait que beaucoup étaient des professionnels du bâtiment, ce qui leur donnait une certaine indépendance à l’égard du marché de l’emploi, tout comme les Italiens immigrés en Belgique : en regroupant leurs compétences respectives, ils peuvent acheter des biens immobiliers, les retaper ensemble et les revendre avec bénéfice en se partageant celui-ci. Bien évidemment tous les groupes sont potentiellement en mesure de faire cela, mais une telle organisation implique d’y être familiarisé, il nécessite des connaissances et une pratique professionnelle, une bonne entente et l’aptitude à travailler en complémentarité.

La transgression est-elle socialisante ?

De quelle transgression parlez-vous ? A partir de quel interdit ? Je crois qu’il importe ici de se référer aux faits réels : il y a des degrés dans les transgressions : fumer une cigarette dans les toilettes n’est pas la même chose que brûler une voiture. Les conséquences ne sont pas du tout les mêmes.
Tout dépend également de la nature des interdits : certains interdits sont basés sur une nuisance réelle : « Ne joue pas avec les allumettes, tu vas te brûler », et d’autres interdisent des choses qui ne sont pas nuisibles, comme l’interdit de l’auto-érotisme. Le respect d’interdits fondés sur une nuisance réelle est socialisant et structurant dans la mesure où ceux-ci protègent de ces nuisances. Alors que les interdits basés sur la notion de crime sans victime sont pernicieux, dans la mesure où est alors interdit ce qui ne nuit pas, et permis ce qui nuit. Se produit ainsi une inversion des valeurs, effectivement nuisible pour tout le monde. Les interdits non fondés n’ont pas lieu d’être dans le cadre de notre modèle constitutionnel, ils nous enferment dans des problématiques de culpabilité.

Il est ici important de prendre ce facteur en compte : ce qui fonde entre autres l’ « entité » d’une nation, ce que Jung appelle son « inconscient collectif », qui structure les comportements de groupe en son sein sont également les événements qui ont jalonné son histoire, et sont à l’origine des problématiques qui l’enferment et qui conditionnent les comportements des citoyens. Ces problématiques agissent également à un niveau génétique, les réactions de peur générées par certains événements sont transmises de génération en génération, et tant que nous n’avons pas compris leur origine, nous en restons prisonniers mentalement.
La compréhension des problématiques permet de les résoudre, mais cela implique un retour sur l’histoire du pays et l’analyse des événements à l’origine des « nœuds » historiques. Une telle démarche pourrait se révéler efficace par rapport à la sinistrose qui empoisonne mentalement ce pays actuellement.

La transgression peut-elle participer d’une société nouvelle et laquelle ?

Encore ici de quelle transgression parlons-nous ? Je suppose que si je regarde l’évolution des dernières décennies, la transgression à la législation sur les drogues a entraîné des changements au niveau de la société, dans la mesure où la consommation du cannabis s’est étendue largement. Toutefois le phénomène est mondial, et il n’a pas les mêmes conséquences pour les citoyens selon que ceux-ci habitent en France, où ils sont susceptibles d’être condamnés pour cela, ou en Hollande, ou la loi l’autorise.

Les conséquences de nos actes sont-elles toujours appréhendées selon les principes de causalité et de non contradiction ?

??????????????? Qu’entendez-vous par là ? Si je regarde autour de moi, je constate que les conséquences des actes sont généralement moins prises en compte que les interdits moraux fondés sur des critères de « bien » et de « mal » sans rapport avec les conséquences des actes au niveau des faits. La conséquence en est la culpabilisation des individus et la recherche de boucs émissaires. Cette incapacité de se confronter aux conséquences des actes engendre l’irresponsabilité. Nous nous concevons comme « coupables », et agissons de façon irresponsable. Seule la confrontation aux conséquences des actes peut engendrer une prise de conscience permettant aux gens de décider d’inverser les comportements

La question n’est pas alors tant de punir celui qui commet un acte nuisible que de lui faire prendre conscience des conséquences pour lui-même et les autres ce qu’il fait réellement. A partir de là, il décide généralement de modifier son comportement, non pas par respect de l’autorité, ni sur la pression du regard des autres, mais par cohérence et respect envers lui-même.

Les communautarismes et les replis identitaires sont-ils une chance ou un danger pour les Français, la France et son identité ?

Il me semble que la question des communautarismes nécessite une mise au point avec les gens qui viennent vivre dans notre pays : leur choix implique le désir d’apprendre à connaître le pays, sa langue, ses habitants, ses coutumes, sa législation, etc… Venir habiter quelque part et se couper du pays ne me paraît pas réaliste ni cohérent. Il n’est pas cohérent de venir vivre en France et de s’attendre à vivre comme dans une théocratie , tout comme il ne serait pas cohérent de ma part d’aller vivre en Arabie Saoudite et d’exiger de me promener en minijupe ou de m’attendre à y pratiquer le naturisme. Si je veux mettre une mini-jupe ou faire du naturisme, je reste en France. Si je veux vivre comme dans une théocratie, je vais vivre dans un régime religieux. Mais je ne vais pas vivre dans un Etat laïc en me comportant comme dans un Etat religieux et réciproquement.

L’immigration subie ou voulue est-elle une chance ou un danger pour la France et les Français ?

Si les Français ressentent l’arrivée d’immigrants comme un danger, que les arrivants considèrent leur intégration dans le pays comme dangereuse pour leur identité, et que les groupes structurent leurs relations sur des peurs et des oppositions, le résultat risque d’être très décevant et destructeur pour tout le monde.
Parallèlement, si les arrivants sont heureux de venir et respectueux des modes de vie du pays d’accueil, les autochtones ne se posent pas la question de leur dangerosité : les Portugais n’ont jamais été ressentis comme dangereux par quiconque.
Il y a également ici le contexte politique international contemporain, qui n’existait pas il y a par exemple trente ans : en 1970, il était possible d’aller en Orient par la route en ne traversant que des pays en paix. L’islamisme n’existait pas, il n’y avait pas de guerre en Afghanistan ni en Irak, pas de terrorisme de masse, etc.

Les jeunes que l’on voit incendier les voitures sont Français en droit, mais leur naturalisation sociale s’est-elle faite ?

Les gens qui incendient des voitures ne sont pas tous d’origine étrangère. A d’autres époques des gens ont envoyé des cocktails molotov et se sont livrés à des actes de pillage et de destruction. Aujourd’hui encore, voir le comportement actuel de certains supporters des match de foot , les hooligans, sans rapport avec les problèmes d’immigration.
La question me semble plus de savoir ce qui pousse un jeune à aller incendier une voiture : si je me réfère à mon expérience des manifestations de l’après soixante huit, il y a le fait que quand on est mineur, on agi impulsivement, on a une énergie monumentale qu’on n’arrive pas à canaliser et on ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Les manifestations et affrontements avec les forces de l’ordre représentent une sorte de jeu, tout comme on jouait aux cow boys étant enfant. Il y a lors des affrontements un déchaînement d’énergie collective, dans le cadre duquel les individus peuvent commettre impulsivement, entraînés par d’autres, des actes qu’ils ne feraient pas individuellement hors de ce contexte.
La question que je me pose alors est « Le rôle des forces de l’ordre consiste t-il à servir d’exutoire aux tensions et aux débordements d’énergie des adolescents ? » N’y aurait-il pas d’autres stratégies plus efficaces, dans le cadre même des forces de l’ordre, qui permettraient de déboulonner d’emblée ce genre de débordement et d’éviter de rentrer dans ce jeu ?
Je me pose également la question du rôle de programmes de télévision qui diffusent sans arrêt des images violentes. Est-il cohérent de bombarder sans arrêt des jeunes avec ces images et de s’ offusquer quand ils les reproduisent ?
Et également celle du rôle du postulat qui sévit depuis des décennies, qui accrédite l’idée fausse d’une opposition entre un peuple et ses propres forces ? Cette opposition m’apparaît dénuée de sens et de fondement : elle génère un conflit qui n’a pas lieu d’être, pervertit le regard des citoyens sur la policei, conditionne négativement leur comportement à son égard et les maintient mentalement dans un rapport de force qu’ils ne sont de toutes façons pas en mesure de remporter sur un plan purement stratégique, les forces de l’ordre ayant généralement les moyens de leurs ambitions.

Pour quelles raisons la machine à intégrer s’est-elle enrayée ? La porte du travail étant verrouillée, est–il encore possible de pratiquer ou de subir une immigration de peuplement ?

La question du verrouillage de la porte du travail, et du taux de chômage me pose question : une partie de celui-ci est créée artificiellement par des entreprises qui trouvent plus économique de faire faire le travail de trois personnes à une seule, et en licencient deux. Cette évolution de l’économie, qui n’existait pas il y a 30 ans, engendre un chômage factice qui pourrait être facilement résorbé si les embauches étaient proportionnelles à la somme de travail que peut accomplir un individu. Ce n’est pas une question de fatalité, mais de choix, et pas seulement de la part des gouvernants, mais des acteurs au sein des entreprises, de la politique des directeurs d’établissements.

De même que les emplois pourraient être structurés en fonction de ce que les gens savent faire réellement et aiment faire, et de ce qu’ils font bien, plutôt que de diplômes.
Prenez un groupe de gens sans emploi ; demandez-leur individuellement ce qu’ils sont capables de faire réellement pour remplir les fonctions du groupe humain dans lequel ils vivent, rassemblez le tout, et voyez avec ceux qui sont volontaires comment ils peuvent s’organiser pour résoudre collectivement leur situation en tirant partie de l’ensemble de leurs ressources humaines, de leurs moyens respectifs et de ceux du milieu. Je parie qu’ensuite on y verra plus clair.

Je pense réellement que la porte du travail pourrait pour une grande part être déverrouillée dans le cadre d’une volonté, d’une stratégie, et d’actions communes des différents acteurs au niveau de la nation, afin de les amener à agir dans le même sens. Cela demande de choisir un cadre qui puisse inclure tout le monde, qui repose sur l’inclusion de tous les éléments dans le même ensemble.

Peut on espérer la victoire des forces s’opposant au nihilisme majoritaire dans la nébuleuse de l’immigration ?

La « nébuleuse de l’immigration » ne me parait pas avoir le monopole du nihilisme : voir celle des théoriciens du chaos, qui n’ont rien à voir avec celle-ci et dont je constate chaque jour la réalité.

et la reconquête de l’estime de soi par la reconnaissance de l’utilité sociale de ces immigrés et de leurs enfants ?

La reconnaissance me semble jouer un grand rôle : voir le nombre de jeunes qui se sont inscrits sur les listes électorales, ce qui démontre leur volonté de jouer le jeu.

Que faut-il placer au premier plan, le rattrapage culturel ou le rattrapage socialisant et éducatif ?

Il me semble qu’il n’est pas possible de dissocier ces niveaux : ils vont ensemble. Ils peuvent être mis en place ensemble, à travers la diffusion de connaissance de base nécessaire à une vie sociale harmonieuse d’une part, et la création de lieux d’accès à la culture pour tous d’autre part.

En matière de médiation sociale, doit-on demander à la religion de participer au règlement de la vie dans la cité ?

Si je regarde des exemples dans le passé, je constate que des gens comme l’abbé Pierre ou sœur Emmanuelle ont participé au règlement de la vie dans la cité, avec des résultats qui semblent considérés comme positifs par une majorité de gens. Donc j’en déduis que les religieux peuvent le faire s’ils le souhaitent. Toutefois ils n’ont jamais agi en opposition avec d’autres religions (sœur Emmanuelle dans les bidonville du Caire), et attribuaient plus d’importance à la valeur des gens dont ils s’occupaient qu’à leur appartenance religieuse. Ils n’exigeaient rien de la part des autorités, se contentant de mettre en place des structures répondant aux besoins humains. Je suppose qu’en tant que citoyens, les religieux, comme les laïcs peuvent participer à la résolution des problèmes au sein des cités dans lesquels ils vivent, à partir du moment où ils se situent dans le cadre de la constitution, mais il ne me parait pas souhaitable qu’ils structurent la vie de la cité sur une religion donnée, ce qui n’est pas compatible avec la nature de l’état laïc et républicain d’une part, et d’autre part parce qu’une telle attitude pourrait entraîner des oppositions et des conflits avec les autres religions : la vie de la cité deviendrait alors un terrain d’affrontement entre religieux dogmatiques de différentes obédiences et otage de celle-ci.
Mon point de vue personnel ici est que des religions qui ont à la base le même Dieu, les mêmes commandements et les mêmes prophètes ne sont pas opposables, et que les conflits qui les opposent n’ont pas lieu d’être sur les bases mêmes de ces religions.

Un recadrage politique est-il aujourd’hui possible au plan de la sécurité, de l’économie, du social, de l’égalité des chances ?

Je ne sais pas s’il est possible de répondre à cette question. Toutefois la seule chose censée consiste à agir dans ces sens : si nous essayons de le faire, nous avons des chances d’y parvenir, tandis que si nous partons du postulat que cela est impossible et n’essayons pas, nous n’y parviendront pas.

La « crise » et la cause des violences urbaines se réduisent-elles à la dépression économique et sociale ?

Est-il encore possible de trouver des valeurs, des repères et des normes communément acceptées, qui puissent structurer notre vie collective ?

Oui, notre modèle républicain. Si nous l’appliquons. Or nous ne l’appliquons pas, et disons ensuite qu’il ne marche pas. Mais pour qu’il marche, il faudrait commencer par le traduire dans les faits à tous les niveaux : au niveau législatif, institutionnel, relationnel, administratif, etc. Il peut parfaitement servir à restructurer la vie économique, dont les règles actuelles sont complètement antinomiques avec ce modèle et inconstitutionnelles.

Comment redonner un contenu à notre vouloir vivre ensemble ?

En élaborant des projets d’actions non politiciennes rassemblant les citoyens des différents courants et groupes dans des objectifs bénéfiques pour tous. Construire ensemble sur la base d’objectifs pratiques humains, réalisables à peu de frais et ne nécessitant pas de structure lourde.

Sommes nous prêts à consentir de nouveaux efforts pour la « remise à niveau » de nos cités et de nos concitoyens en difficulté ?

Qu’entendez-vous par « de nouveaux efforts » ? Il y a des possibilités d’actions qui ne nécessitent pas d’argent, pas de textes de lois, pas de votes, qui peuvent être mis en place par les gens eux-mêmes. Il ne me parait pas responsable de tout attendre des politiques en se dédouanant des responsabilités qu’implique la citoyenneté: ce dont nous avons besoin, il me semble, est d’une coopération entre ceux-ci et le peuple qu’ils représentent, et de l’utilisation de leurs moyens respectifs, ce qui coûterait bien moins cher que d’élaborer des projets d’en haut en privilégiant le niveau budgétaire.

Accepterons nous les règles de mixité sociale, en particulier en matière de scolarisation, de logement et d’urbanisme ?

Il n’y a pas ici que la question de la volonté des politiques et des Français. Il y a aussi de la part des immigrés une question de choix : indépendamment des politiques de la ville et des grands ensembles qui ont engendré des ghettos, le fait est que personne n’est obligé d’y rester avec un fusil sur la tempe s’il ne s’y sent pas bien. Nous vivons dans un pays où 90 % de la population vit sur 10 % du territoire. Il y a donc 90 % du territoire qui est inoccupé.
Certains me diront qu’il est plus facile de trouver du travail dans une grande ville. Toutefois, dans la mesure où un fort pourcentage des gens vivant dans les cités sont sans emploi, tant qu’à être sans emploi, il est plus facile de vivre à la campagne qu’à la ville, la vie y étant moins chère, et de meilleure qualité.

Une politique d’immigration sans contrôle n’a-t-elle pas pour conséquence de saturer les politiques d’intégration ?

Elle peut aboutir, comme au Royaume Uni, à la fuite des citoyens du pays d’origine vers des pays alentour plus vivables : ainsi le nombre d’Anglais qui viennent s’installer en France depuis quelques années, des retraités, mais aussi des gens ne trouvant pas de travail chez eux, qui peuvent bénéficier ici des avantages sociaux. L’aspect pervers de l’immigration anglaise est la manipulation du marché de l’immobilier par des spéculateurs qui vendent aux arrivants des biens à un prix deux fois supérieur au prix du marché français, et qui à terme, font exploser ce marché. Monsieur Blair nous donne des leçons d’économie en faisant apparaître celle qu’il impulse comme meilleure que la nôtre, nous serions en droit en retour de lui présenter la facture que nous occasionne l’arrivée de ses ressortissants et d’en demander le remboursement avant de prendre son bilan pour argent comptant.

Les vagues d’immigration familiales se transforment-elles en immigration d’ayants droits (allocations familiales, RMI, AME) ?

Oui automatiquement pour les citoyens de l’espace européen. Pour les autres, l’obtention de ces droits est plus difficile. Toutefois le problème des aides n’est pas seulement celui de l’immigration : la plupart des gens qui en bénéficient sont Français, même si leur pourcentage est moins important que celui des immigrés : imaginons que demain les immigrés sans emploi retournent tous chez eux : cela ne signifie pas du tout que les Français auraient tous du travail pour autant. Les règles de l’économie n’en seraient pas changées, il n’y aurait pas moins de précarité : simplement il y aurait davantage d’exclus parmi les Français de souche. Il faut en finir avec le cliché de l’immigré pauvre et du Français riche : beaucoup de Français vivent dans des conditions économiques aussi difficiles que les immigrés, aussi les réactions de ressentiment que ces derniers peuvent nourrir à l’égard des descendants des Gaulois dans ce domaine n’ont pas lieu d’être. Leurs pays d’origine ne sont pas mieux lotis. Economiquement, nous sommes tous dans le même panier. Ce n’est pas ici au niveau des gens qu’il convient d’agir, mais des règles génératrices d’exclusion, qui ont pour conséquence l’appauvrissement et le pillage du pays tout entier.

Le contrat d’intégration et la formation linguistique des étrangers est-il en vigueur et s’il l’est combien de ceux-ci l’ont suivi ?

La formation linguistique me parait être indispensable. La Suède pratiquait il y a quelques années une politique d’immigration incluant l’apprentissage obligatoire de la langue, des droits et des devoirs, et l’obligation de se former professionnellement. La nationalisation s’accompagnait d’une cérémonie à la mairie où le maire accueillant le nouvel arrivant avec un apéritif, lui remettait un dossier contenant les bases de son arrivée dans le pays, l’énoncé de ses droits et devoirs, et lui souhaitait la bienvenue ; dans un tel contexte, l’immigration n’est pas vécue comme un parcours du combattant, l’arrivant n’a pas à lutter pour vivre dans le pays puisque lui sont fournis d’emblée les moyens de vivre, il est accueilli comme un hôte, ce qui l’incite à se comporter comme tel.

Les étrangers et leurs enfants de première ou de deuxième génération souhaitent-ils véritablement l’intégration ou un développement séparé ?

Tout dépend des individus. Il n’existe aucun groupe qui serait représentatif de l’ensemble des immigrés dans leur ensemble. Toutefois j’ai observé en Belgique que le fait d’immigrer dans un pays développe parallèlement le sentiment d’appartenance à son pays d’origine, et peut développer le nationalisme, l’attachement aux traditions, etc, qui maintiennent alors les immigrants dans un modèle statique qui n’existe plus en réalité dans leur pays d’origine. Ainsi l’étonnement des jeunes Siciliennes quand elles allaient en vacances en Sicile, et constatait qu’il y régnait une liberté bien plus grande que celle dont elles jouissaient dans leur propre famille, qui les avaient élevées selon les critères valables à l’époque où leurs parents avaient quitté l’île, mais n’avaient plus cours sur celle-ci deux générations plus tard.

Pour quelles raisons trop de jeunes, nés en France, titulaires d’une carte d’identité nationale se sentent étrangers à notre pays ?

Le mieux pour le savoir serait encore de le leur demander. Il serait intéressant d’avoir un forum où avoir de tels échanges entre les acteurs à différents niveaux.

Faut-il encore et toujours opposer les tenants de la prévention aux tenants de l’ordre public ?

Non, bien sur. Les deux sont complémentaires et indispensables.

La « politique de la ville » a t-elle vraiment les moyens de changer la société ?

Tout dépend qui l’impulse, et qui peut et veut y participer.

Supposons le problème de l’immigration résolue que faut-il faire ensuite ?

??????????? Vivre ensemble entre gens de bonne compagnie, je suppose. 🙂

Dans le cas ou l’on puisse reprendre l’ouvrage de l’intégration, par quel bout commencer : fermeté, prévention, éducation, socialisation, formation, emploi, habitat ?

Très franchement, si nous utilisions vraiment les moyens technologiques dont nous disposons aujourd’hui (internet, les média, les supports audio-visuels), il serait possible de donner aux gens des moyens d’acquérir à peu de frais éducation et formations. Je pense à la télévision scolaire qui existait il y a plusieurs décennies; je pense à la possibilité de cours sur internet, à leur enregistrement sur CD rom qui pourraient être réalisés par les enseignants, et vendus ensuite à peu de frais, etc.

Dans le domaine de l’emploi, des facilités aux créateurs d’entreprises seraient les bienvenues : il existe des conseils auxquels ils ont droit à travers l’ANPE, mais par un système pervers, elle enrichissent davantage les formateurs que les créateurs d’entreprises eux-mêmes. Ces formateurs n’ont pas à répondre du contenu de leurs interventions et ne sont pas tenus à des résultats, ils ne sont pas partie prenante dans la future entreprise, qui n’est pas leur aventure, et il arrive que la qualité de leur travail ne soit pas à la hauteur du montant des honoraires que leur verse l’Etat.

L’habitat ? Avant d’engloutir des sommes énormes dans la construction de logements sociaux, il est possible d’utiliser les maisons vides dans les villages, d’occuper les territoires désertifiés et d’encourager d’autres modes de construction moins chers, en formant des gens sans emploi, et en encourageant les gens à mettre la main à la pâte : être sans emploi implique qu’on a du temps ; plutôt que de se lamenter sur son sort sans lever le petit doigt en appelant au matin du grand soir, il est possible d’envisager une région où on aimerait habiter, de construire des habitations avec d’autres, et d’élaborer ensemble un mode de vie adapté aux besoins.
Cela n’est pas une question de décision politique, ni de crédits, ni de lois, ni de rien de tout cela. Cela demande des gens sans emploi qu’ils sortent de leur léthargie, et de la part des pouvoirs publics, une prise de conscience de l’étendue des possibilités réelles des individus et du milieu, et la volonté de travailler en complémentarité avec les citoyens. Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de changement d’attitude mentale des uns et des autres.

Très franchement, la situation m’apparaît objectivement plus favorable que l’image qui en est diffusée dans les média. L’issue ne dépend pas de la situation elle-même, de faits qui ne dépendraient pas de nous et devant lesquels nous serions impuissants, elle dépend d’un changement d’attitude mentale à l’échelle de la nation.

L’exemplarité de nos élites et la justice sociale sont-elles suffisamment établies auprès de l’opinion publique pour que les citoyens fassent confiance à un projet de société, encore largement à élaborer, et dont ils ont tout lieu de penser qu’ils en seront, sinon les bénéficiaires, du moins les seuls payeurs ainsi que leurs enfants ?

Et si, au lieu de se voir sempiternellement imposer des projets d’en haut pour lesquels ils devraient payer, ils avaient la possibilité de participer à leur élaboration, en utilisant non pas tant de l’argent que de l’énergie, du temps et de la matière grise ? Il n’est pas possible de décider à la place de quelqu’un d’autre et au dessus de lui, en fonction de critères abstraits sans lien avec les faits, aussi est-il parfaitement irréaliste de le faire ni d’attendre que des politiques y parviennent. Cela ne peut pas marcher.

Les expériences culturelles et éducatives excluant toute forme d’autorité et de contraintes ont semble-t–il vécu.

Tout dépend de celles dont vous parlez. J’anime personnellement un réseau littéraire et artistique dans lequel je n’exerce pas au départ d’autorité proprement dite, et dans le cadre duquel il n’y a pas de contrainte au départ, si ce n’est des bases de relations simples basées sur la complémentarité et la non-compétitivité, et qui marche parfaitement. Toutefois il implique le respect de règles de comportement, auxquelles les membres agréent, ne nécessite pas de manipulation d’argent, ce qui facilite les choses sur le plan pratique. Il me semble également important, pour y parvenir, de remplacer les hiérarchies de dominance par des hiérarchies de compétences. Ceci dit, il s’agit d’un réseau n’ayant aucun objectif à atteindre si ce n’est de répondre aux attentes de ses membres. Nous n’avons pas d’obligation à respecter. Mais il est réellement possible d’y parvenir.

Faut-il pour autant renoncer à l’éducation, la régulation des conduites, la socialisation, la formation et à la promotion de nos valeurs sociétales au bénéfice de la seule répression ?

Non, cela ne marche pas. Ce n’est pas en « dressant » les gens que les choses s’arrangeront : les humains ne sont pas des chiens et ne fonctionnent pas de la même façon. Je crois beaucoup plus à la responsabilisation de chacun, qui repose sur la reconnaissance et le développement des potentialités des individus, et à la mobilisation des énergies sur des objectifs pratiques : créer ensemble en tirant partie des aptitudes individuelles. Et à, la traduction dans les faits des bases de notre modèle démocratique.

Le laxisme apparaît comme un encouragement à passer à l’acte avec le sentiment de l’impunité. Le temps n’est-il pas venu pour notre démocratie de rappeler la force du droit et le sens des devoirs ?

Absolument. Il me semble important de mettre des limites quand c’est nécessaire.

L’immigration arabo-africaine entend t-elle conserver ses spécificités culturelles et religieuses, ses normes sociales et ainsi élaborer et consolider des « ghétos » identitaires ?

Je ne pense pas que tous les gens venant d’Afrique ou des pays arabes puissent être considérés comme une entité, ni que leurs façons de vivre ou de se comporter puissent être définie de façon générale. Dans la région où j’habite, les rares personnes venant des pays arabes sont pour la plupart des médecins hospitaliers, des gens éduqués, qui accomplissent une charge de travail considérable, ne font partie d’aucun ghetto, et dont la fonction est indispensable si l’on raisonne sur la base de l’ utilité publique : si demain ils cessaient de travailler dans les hôpitaux, ceux-ci ne pourraient plus fonctionner, et la population n’aurait plus les moyens d’être soignée à l’hôpital. Le phénomène des ghettos communautaires est un phénomène urbain, limité aux grandes concentrations de populations. Ailleurs il est absent.

Pour peu qu’ils en aient la volonté, les jeunes n’ont-ils pas le choix entre leur insertion dans la société et un monde de délinquance, de marginalisation et de guérilla urbaine de groupe communautarisés ?

Bien sur qu’ils ont le choix. Et pas seulement entre ces deux alternatives opposées, mais entre un ensemble de possibilités bien plus étendues : ils peuvent effectivement
1. s’insérer dans la société
a) avec les moyens que celle-ci met à leur disposition
b) avec d’autres moyens qui existent et ne sont pas pris en compte actuellement, en tirant partie des capacités et des moyens réels dont ils disposent, qui sont plus étendus que ceux qu’ils utilisent effectivement,

2. devenir délinquants, mais cela ne présente pas d’ intérêt,

mais ils peuvent également :

3. Retourner vivre dans leur pays d’origine ou dans tout autre pays de leur choix, sur d’autres continents que l’Europe,

4. Prendre du recul par rapport à leur situation en voyageant, en France mais également dans d’autres pays,

5. Aller travailler dans d’autres pays que la France,

6. Etc.

Si le droit de vote des immigrés résidants depuis 10 ans en France était accordé, les jeunes Français des banlieues voteraient-ils pour des Français ?

Ils voteraient automatiquement pour des Français dans la mesure où il faut avoir la nationalité française pour se présenter à des élections en France.

Au lieu de mettre nos jeunes délinquants en prison, d’où ils ressortent plus radicaux et marginaux que jamais, ne devrions nous pas leur imposer un service public national d’où ils reviendraient grandis pour être des citoyens responsables ?

Pour moi, l’idée d’un service public national est une bonne idée. Pas seulement comme alternative à la prison, ni limitée aux jeunes issus de l’immigration, mais comme une possibilité offerte à tous les jeunes, en raison des lacunes en matière d’éducation.
Pour ce qui est de l’imposer, je ne sais pas si c’est la meilleure solution : voyez le service militaire : quand il était obligatoire, la plupart des jeunes voulaient y échapper. Maintenant qu’il n’existe plus, beaucoup souhaiteraient le faire. Donc plutôt que de l’imposer, donner les moyens de le faire aux jeunes qui le souhaitent. La base du volontariat est toujours plus payante que celle de la contrainte au niveau des résultats : les gens sont motivés, et ils font de leur mieux.
Pour les gens qui sont condamnés à de la prison, le minimum serait de faire en sorte d’assainir les conditions de détentions, afin d’arrêter le processus qui rend le remède souvent pire que le mal. Et d’utiliser ce temps où ils sont coupés de la vie sociale pour leur donner des moyens de repartir, à leur sortie, sur de nouvelles bases (formations, psychothérapies, etc.).
Toutefois, pour les gens qui ne veulent absolument pas se conformer aux lois du pays ni au contrat social, il me semble qu’il devrait être possible de refuser leur présence sur le territoire (et je ne parle pas ici seulement pour les immigrés). C’est une question de choix de vie et de respect de la démocratie : « Ici le contrat est le suivant, si vous n’en voulez pas, vous êtes libres d’aller vivre dans un pays qui en applique un autre », ce qui est possible en raison de la liberté de circulation actuelle et du nombre de pays sur la planète. Plutôt que de renvoyer plusieurs fois des gens en prison, il pourrait être possible de les interdire de séjour pendant un temps donné. Leur donner les moyens de repartir sur de nouvelles bases s’ils désirent rester, sinon leur dire d’aller voir ailleurs, où bon leur semble, pendant un certain temps.

Peut on lutter contre la violence dont les principales victimes sont les pauvres, les femmes et les immigrés ou les personnes issues de l’immigration, sinon par un équilibre nécessaire entre la prévention et la répression ?

Bien évidemment, l’équilibre entre prévention et répression est souhaitable.
Lutter contre la violence implique de prendre en compte les différentes sources de celle-ci : la violence économique qui sévit actuellement sur toute la planète mériterait également qu’on lui mettre des limites. Nos dirigeants n’en sont pas à l’origine, pas plus que nous. Cette violence n’est pas compatible avec notre modèle de démocratie républicaine. Nous pourrions alors nous entendre entre dirigeants et dirigés pour y mettre bon ordre. 🙂

Peut on faire cesser l’immigration massive autrement qu’en aidant les peuples à construire un avenir meilleur où ils se trouvent ?

Une telle aide passe par un changement des relations entre pays riches et pauvres, et implique que les premiers renoncent à piller les seconds. Mais là encore, les règles économiques actuelles n’ont pas été impulsées par notre pays, et ne sont pas compatibles avec celles de notre constitution. Lesquelles voulons-nous véritablement privilégier ? Il me semble tout à fait possible d’élaborer avec leurs pays d’où sont issus les immigrés de nouvelles règles permettant de les enrichir et de nous enrichir par la même occasion : gagner de l’argent n’implique pas nécessairement de le prendre à quelqu’un d’autre, il est possible de le faire en enrichissant les partenaires plutôt qu’en les appauvrissant, et de s’enrichir en même temps, ce qui est de l’intérêt de tout le monde. Plutôt que de jouer un jeu dont les règles séparent les joueurs en gagnants et en perdants, il est possible de jouer un autre jeu dans lequel nous décidons que tous les joueurs sont gagnants. Cela dépend de nous.

en faisant, s’il le faut, acte d’ingérence humanitaire pour éviter la corruption et le détournement des aides au profit d’élites corrompues ?

Peut être y a-t-il d’autres moyens : laisser s’instaurer des relations économiques libres entre les professionnels de différents pays. Changer les bases de la distribution des aides : plutôt que de les donner à des élites, il serait plus efficace de la distribuer directement aux gens qui en ont besoin.

Peut on refuser plus longtemps de voir que la solution à nos problèmes sociaux est avant tout une économie plus libre,

Une économie plus libre ? Oui, certainement. et l’institution de règles d’échange non truquées.

qui peut donner plus de croissance et plus d’emploi, mais aussi que la croissance a une limite, celle de la démographie des peuples en développement.
Comme il ne sera jamais possible d’accueillir et de nourrir tous les enfants du monde, ne faut-il pas également mettre un frein à l’explosion démographique ?

Pour ne parler que de l’espace national, l’ensemble des citoyens aurait intérêt à donner aux nouveaux arrivants les moyens de participer à l’activité économique du pays au lieu de les en exclure, ne serait-ce que pour pouvoir payer les retraites des générations qui viennent. Il me paraît incohérent de se plaindre que le pays n’a pas assez de travailleurs pour payer les retraites de demain et d’exclure parallèlement du marché du travail les gens qui peuvent y participer, tout en pillant littéralement l’ensemble des salariés, comme cela a lieu actuellement. Les immigrés n’ont pas le monopole de la précarité, celle-ci touche tout le monde, et s’exerce au détriment de l’économie de toute la nation.

En attendant, doit-on ?
Eradiquer les bandes de voyous dans les quartiers ?

Eradiquer les bandes de voyous demande de prendre à bras le corps le problème des marchés parallèles et des secteurs d’économie mafieuse. Sans quoi le voyou que vous enlevez de la rue est remplacé par un autre dès le lendemain, puisque la structure qui génère son existence n’a pas bougé, et c’est une chaîne sans fin. Ce n’est pas seulement au niveau de la rue que cela se joue, mais également de la politique étrangère. A l’intérieur du pays, cela demande des mesures qui rendraient les trafics impossibles en privant les vendeurs de fonction. Point ne serait besoin alors de les arrêter : ils seraient contraints de se recycler.

Développer l’emploi d’utilité publique ?

Si, au lieu de structurer le monde de l’emploi en fonction de critères sans liens avec la vie des gens , il était organisé en fonction des besoins humains ? Est-il cohérent que les secteurs qui sont indispensables sur le plan humain (santé, éducation, sécurité) soient dévalués, alors que d’autres, non indispensables, jouissent d’effectifs pléthoriques (administration) ?Peut-être y aurait-il déjà un réajustement à faire à ce niveau.

Doper le logement social ?
Francis NERI
Président de l’Institut Européen de Socialisation et d’Education
Strasbourg le 22 Décembre 2005

Favoriser l’installation des gens dans les zones peu peuplées, en tirant partie des ressources immobilières qui s’y trouvent est également une autre possibilité : quel est l’intérêt de villages qui se dépeuplent, où les logements vident augmentent ? Une répartition de la population plus équilibrée permettrait déjà de diminuer la pression qui existe actuellement dans les citées surpeuplées, sans investir dans des logements sociaux qui risquent à long terme d’aboutir aux mêmes effets dans la mesure où ces logements regroupent des gens de conditions précaires.

Isabelle BAUDRON-AUBERT
Membre de l’Institute of General Semantics,
Traductrice en sémantique générale.
19 janvier 2006.