Le major Bernard Cordoba contraint de démissionner suite à son élection à l’association Gendarmes et Citoyens

Trois ans après le chef d’escadron Jean Hugues Matelly (voir Jean-Hugues Matelly poursuivi par sa hiérarchie, Soutien à Jean-Hugues Matelly et Devoir de réserve: le gendarme Matelly réintégré ) c’est au tour du major Bernard Cordoba d’essuyer les foudres de sa hiérarchie suite à son élection, le 14 avril 2012, en tant que vice-président de l’Association Cendarmes et Citoyens, une association de loi de 1901 considérée par la direction de la gendarmerie comme une association professionnelle: http://gendarmes-en-colere.forum2discussion.net/t25701p30-gendarmes-exprimez-vous-en-silence

Bernard Cordoba, dit Nardo, c’est l’homme au porte-voix du mouvement de 2001 dans la gendarmerie. C’est également un des fondateurs de l’association créée par les gendarmes d’active de l’équipe du forum Gendarmes et Citoyens en 2008, contraint d’en démissionner peu après comme ses camarades. (pour l’historique de cette association, voir Association Forum Gendarmes et Citoyens : audience du 05 06 08 )

 

 

 Le major Bernard Cordoba

 

« Le 14 avril 2012, lors de l’assemblée générale de l’Association Gendarmes et Citoyens, à la demande de ses pairs gendarmes en activité qui souhaitaient bénéficier d’une meilleure représentation au milieu des membres civils et retraités, le major Bernard CORDOBA s’est présenté à la fonction de vice-président. Il a été élu à la majorité absolue du CA qui a suivi les desiderata des gendarmes d’active, adhérents de notre association.
Bien que s’agissant d’une association Loi 1901 composée de gendarmes en activité, de retraités de l’arme et de civils, la hiérarchie gendarmerie s’est opposée violemment à cette élection. Le Major Bernard Cordoba a été convoqué le 17 avril par ses supérieurs et s’est vu notifier une suspension immédiate le privant ainsi de la moitié de sa solde. Tout aussi rapidement ce sous-officier s’est vu proposer une levée de la sanction s’il démissionnait de sa toute récente fonction, ce qu’il a fait.

A la suite de cet odieux chantage, qui semble bien relever des voies de fait, nous pouvons constater que les gendarmes ne sont pas des citoyens à part entière et qu’ils sont victimes d’une discrimination évidente puisqu’ils oeuvrent pour la sécurité aux côtés de policiers syndiqués sous la coupe d’un même ministre de l’Intérieur. Bien que préconisé dans un rapport parlementaire et par la cour européenne des droits de l’Homme (deux recours sont encore à l’étude) le droit d’association des gendarmes, même en Loi 1901, n’est pas pour demain.

L’association rappelle que lors de sa création sous le nom « forum association gendarmes et citoyens » en avril 2008 son bureau et son conseil d’administration se composaient principalement de gendarmes en activité. Le chef d’escadron Jean-Hugues Matelly était vice-président. La Direction de la Gendarmerie, se basant sur une unique phrase (modifiée depuis), avait estimé que cette association était à caractère professionnel. A l’époque elle n’était pas allée jusqu’à des suspensions et s’était contentée de donner l’ordre de démissionner aux 8 personnels d’active qui avaient été élus au conseil d’administration et dans le bureau. Il nous faut bien constater qu’aujourd’hui un nouvel échelon a été franchi s’agissant de museler les gendarmes.

La discipline applicable aux militaires en matière de liberté d’expression professionnelle est propre aux armées :

Elle se traduit par une liberté d’expression individuelle dissuadée et par une expression collective canalisée. Qu’il s’agisse de s’exprimer à titre individuel sur des sujets professionnels ou d’extérioriser des préoccupations catégorielles par l’intermédiaire de structures collectives, les militaires français demeurent privés de certains modes traditionnels d’expression.

Alors que le débat d’idées et la défense des intérêts professionnels ont pris une place tout à fait prépondérante, le militaire professionnel demeure ainsi soumis à des dispositions héritées d’une République méfiante envers ses soldats et soucieuse de s’assurer de leur parfaite docilité.

Suite à la démission en date du 17 avril 2012 de Bernard CORDOBA de son poste de 1er vice-président,
le bureau de l’AG&C est désormais composé comme suit :
CONTINI, Christian, président.
PROVOT, Jean-Luc, vice-président.
BRANA, Christian, trésorier.
VAYSSIE, Marc, secrétaire. »

http://sites.google.com/site/assogendarmesetcitoyens/COMMUNIQUES/gendarmesexprimezvousensilence

La suite sur le forum Gendarmes et Citoyens: Gendarmes exprimez vous …… en silence  

 

4 réflexions sur “Le major Bernard Cordoba contraint de démissionner suite à son élection à l’association Gendarmes et Citoyens

  1. christian Contini

    Merci de relayer Isabelle, je pense que ce n’est pas encore terminé, ces voies de fait commencent à devenir fatiguantes dès que des gendarmes essaient de vouloir se mêler de leur propre vie.

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  2. Dominique BARRAUD

    Salut l’ami,

    Comme toujours, ta force de caractère t’a poussé vers l’avant. Je te soutiens dans ton action… moi j’ai préféré d’autres horizons. Courage et tiens bon. Mais il est des combats, qui même difficiles, méritent d’être menés. Chapeau Bernard !
    Nous pensons à toi et aux tiens. Un ancien de Saint Médard

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    1. Nardo

      Merci « Minou ».

      Je persiste à dire qu’il faut un moyen de représentation pour les gendarmes, autres que le simulacre créé par la DGGN.

      Hélas pour ma hiérarchie, non je n’ai pas changé depuis le grade de gendarme. Je suis toujours resté le même, à leur grand désespoir.

      Mais, si eux n’ont pas réussi à me faire baisser les bras, je vais néanmoins faire comme toi, dès l’an prochain. Le jemenfoutisme des gendarmes, leur égoïste individualisme et l’absence d’esprit de corps que toi et moi avions connu dans les années 80, font que j’en ai marre de me battre pour des mecs ou des filles qui n’en ont rien à carrer.

      Le meurtre de nos deux camarades, avant-hier, me conforte dans mon idée. A la suite de ça, les gendarmes de base ne sont même pas capables de se fédérer pour une simple action commune comme une main à la poche pour une collecte (ce sont toujours les mêmes couillons qui casquent) ou le port d’un brassard noir qui ne leur coûte rien. L’adage du « pour vivre heureux, vivons cachés » n’est pas prêt de disparaître en Gendarmerie.

      Mais au moins, l’article d’Isabelle t’aura permis de me situer : je n’ai pas changé d’e-mail ou de n° de TPH depuis 1998.

      Merci encore de ton message

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  3. Bonjour Nardo,

    Comme toi j’ai vécu l’évolution que tu décris, mais dans la santé.
    Je te donne mon éclairage.

    Un moyen de représentation pour les gendarmes :

    Je pense irréaliste d’attendre de votre hiérarchie qu’elle vous en procure un qui vous satisfasse, en raison de la dissimilarité de structure et de critères d’évaluation. Il faut resituer cette évolution depuis les années 80 dans le contexte de l’évolution économique qui l’a engendrée: nous sommes passés du système de service public, avec tout ce que cela impliquait au niveau du travail des agents de la base (des gens formés et payés pour exercer des fonctions données répondant aux besoin des citoyens) à un « partenariat public privé » dans le cadre duquel la gestion publique est effectuée par des services privés, et orientée par les intérêts privés.

    De mon côté, j’ai vécu en 1987 la transition d’un système à l’autre en psychiatrie : en 1982, sous l’impulsion de Jack Ralite, alors ministre de la santé, ma hiérarchie attendait des infirmiers psy qu’ils fassent des projets susceptibles d’amener les patients à un état de mieux être et d’autonomie, et les soutenait dans leur réalisation. En 1987, il fallait faire des économies, augmenter la « file active », les projets mis en place étaient à mettre au placard, à grand coup de restructurations. Il n’était plus du tout question d’amener les patients à un état de mieux être et d’autonomie, mais de faire en sorte qu’ils coûtent le moins d’argent possible, et en rapportent éventuellement le plus possible.
    Ce changement s’est accompagnée d’une dévaluation de la valeur de la vie humaine, réduite à sa seule valeur marchande.
    C’est à cette époque que sont apparus la « gestion des ressources humaines » et le système d' »évaluation » en vigueur depuis.

    Autrement dit, c’est devenu le public au service du privé, au détriment des fonctions publiques d’origine, et des citoyens. Dans ce cadre, tu ne peux pas attendre de ces structures privées, qui régissent votre DG ainsi que l’ensemble de notre administration, qu’elles vous pondent quoi que ce soit de cohérent concernant une représentation pour les gendarmes .

    Tu dis « Le jemenfoutisme des gendarmes, leur égoïste individualisme et l’absence d’esprit de corps que toi et moi avions connu dans les années 80, font que j’en ai marre de me battre pour des mecs ou des filles qui n’en ont rien à carrer. »

    Là, je trouve que ton jugement est trop dur, parce que tu fais abstraction du fait que notre génération et la génération actuelle n’ont pas eu la même formation. L’esprit de corps et la fonction des gendarmes comme défenseurs de la République ne sont pas compatibles avec la politique du chiffre ou la privatisation de la sécurité, mis en place par des gens pour lesquels les concepts de République et de citoyenneté apparaissent comme subversifs par essence. La gestion des ressources humaines actuelle fait tout pour dissoudre l’esprit de corps, et plus largement les liens entre les individus dans le monde du travail. Elle isole les gens, les enferme dans un système de contrôle et les y maintient, éjectant systématiquement les réfractaires et ceux auxquels il faut payer l’ancienneté. Nous sommes placés devant l’alternative suivante: soit tu acceptes des conditions de travail invivables et tu fermes ta gueule, soit tu te retrouves au chômage.

    Donc je ne dirais pas que les gens sont devenus individualistes, égoïstes et qu’il n’en ont rien à carrer. Je pense plutôt qu’ils sont soumis et qu’ils subissent, de peur de se retrouver sans boulot, en proie à des difficultés financières insurmontables.

    Si vraiment les gens n’en avaient rien à faire, ils se contenteraient de toucher leur paie à la fin du mois sans d’états d’âme. Or le nombre de dépressions et de suicides démontre qu’il n’en est rien, et que ce qu’ils vivent au travail les affecte au point qu’ils en arrivent à mettre fin à leur jours. Et le pire, c’est que ces réactions sont prévues et programmées par cette gestion des ressources humaines.

    Dans le Monde d’hier, voir l’article L’armée américaine enregistre un suicide par jour depuis janvier :  » En 155 jours, l’armée américaine a enregistré pas moins de 154 suicides dans ses rangs, a révélé un rapport mensuel du Pentagone relayé par Associated Press. De janvier à juin, elle a ainsi connu un suicide par jour en moyenne, un total dépassant de 50 % le nombre de pertes américaines en Afghanistan sur la même période, 127. »

    J’avais fait récemment une comparaison entre le nombre de suicides en Gie dont G&C fait l’écho et le nombre de morts des soldats français en Afghanistan: la GRH fait plus de morts à elle seule par an que les talibans en Afghanistan depuis le début de cette guerre !!!!!!!!!!!!!

    Je comprends que tu aies envie de te mobiliser pour le soutien des familles de tes camarades tuées dans le cadre de leur travail. Mais je ressens cette tragédie comme la mort des deux soignantes à l’hôpital de Pau. Nous avons des métiers où nous sommes potentiellement en danger constant. N’importe quoi peut se produire à la seconde suivante qui va mettre en jeu notre vie ou celle de nos collègues ou celle des usagers dont nous avons la responsabilité. C’est inhérent à la nature de ces types de travail et nous le savons.
    En revanche que notre administration puisse nous infliger des conditions de travail qui mettent notre vie en jeu n’est pas du tout inhérent à nos métiers. Qu’elle le fasse en toute impunité, payée avec l’argent public, et récompensés au pro-rata de leur « efficacité » est un scandale.

    En conclusion, je ne vois pas qui d’autre que les gendarmes eux-mêmes serait mieux placés pour mettre sur pied des instances de concertation dignes de ce nom. Mais la gendarmerie n’est pas isolée, c’est un élément d’un ensemble, et je pense que vous devez prendre conscience des enjeux en présence, et resituer l’arme dans l’ensemble des services publics français et de leur gestion pour y parvenir de façon satisfaisante. Cela implique de prendre en compte les sources de décisions réelles et leurs responsables, sans quoi, si vous vous limitez à des niveaux qui sont aussi subordonnées que vous à ces sources, ils seront inopérants, et ceci indépendamment de la volonté des individus qui les constituent.

    En tout cas, ce que je constate depuis 2007, c’est que vous êtes la seule corporation à avoir pu mettre sur pied un forum qui, même s’il est dépourvu de tout pouvoir hiérarchique, est un lieu de concertation réel et effectif, et représentatif de plus de 22 000 inscrits, ce qui, sur le nombre total de gendarmes, se révèle plus représentatif que les syndicats eux-mêmes dans d’autres corporations.
    Donc je dis un grand bravo à G&C, qui, au delà de la gendarmerie, est un exemple pour tous les membres des autres administrations, et à toi en particulier qui as participé à sa création. Avec le témoignage de tout mon soutien.

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